Le Miracle du Saint Inconnu

Avec ses protagonistes gravitant autour d’un mausolée construit sur de l’argent volé, cette comédie marocaine au dispositif minimaliste offre une réflexion intéressante sur les croyances d’une époque tourmentée.

Acculé au milieu du désert à la suite d’un braquage qui tourne mal, Amine (Younes Bouab) enterre l’argent avant de se faire arrêter. Libéré dix ans plus tard, il retourne sur les lieux bien décidé à récupérer le magot. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il constate qu’un mausolée à la mémoire du Saint Inconnu trône désormais sur son trésor. Dans un village situé à proximité, Amine élabore un plan pour récupérer son butin.

Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur marocain Alaa Eddine Aljem s’essaie à la fable contemporaine tragi-comique. Sa caméra observe un petit village peuplé d’habitants archétypaux évoquant une métaphore de la société. Avec un seul décor (le village et son mausolée) et seulement une poignée de personnages, c’est un dispositif minimaliste et cyclique qui est utilisé pour illustrer la cupidité et la foi irrationnelle qui motivent ce microcosme. Cela provoque des scènes absurdes, burlesques mais jamais cyniques. C’est peut-être là le tour de force de cette comédie qui, malgré le regard critique qu’elle porte sur la nature humaine, garde une tendresse désabusée à l’égard de ses antihéros. L’esprit d’Aki Kaurismäki n’est jamais très loin. On peut regretter que malgré une note d’intention pertinente et des scènes à l’humour décalé, l’ennui finisse quand même par s’installer. La faute probablement à un rythme trop peu soutenu et à un manque de surprises. Ces faiblesses ne devraient toutefois pas empêcher de se régaler face à cet étrange univers tout droit sorti du désert marocain.