1917

Affiche 1917
Réalisé par Sam Mendes
Titre original 1917
Pays de production Grande-Bretagne, U.S.A.
Année 2019
Durée
Musique Thomas Newman
Genre Drame, Historique, Guerre
Distributeur Universa
Acteurs Mark Strong, Richard Madden, Andrew Scott, George MacKay, Dean-Charles Chapman, Claire Duburcq
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 826
Bande annonce (Allociné)

Critique

La campagne promotionnelle du film insiste sur le fait que 1917 est apparemment tourné en un seul long plan-séquence. Une prouesse technique qui fait craindre que l’exercice de style ne prenne le pas sur le récit. C’est en effet le cas au début mais très vite, grâce à une belle qualité d’écriture, de mise en scène et d’interprétation, on est plongé dans une œuvre magnifique et profonde.

A l’image du Birdman d’Iñárritu, 1917 n’a pas pu être réellement tourné en un seul plan-séquence. Les coupes ont été soigneusement masquées par une mise en scène réfléchie et une technique époustouflante. Mais le procédé narratif ne tarde pas à donner le tournis, à faire craindre que deux heures à ce rythme soient interminables, et l’on se surprend dans les premières minutes à observer la manière dont le film est réalisé plutôt que de suivre l’histoire. Une histoire qui finit tout de même par nous happer pour ne plus nous lâcher. En pleine guerre mondiale, dans la campagne française, deux jeunes soldats britanniques sont réquisitionnés pour quitter leur tranchée, traverser les lignes ennemies et un gigantesque no man’s land, afin d’aller transmettre à leurs camarades un message crucial dont dépend la vie de centaines d’hommes. Ce périple dans l’inconnu, quasiment à l’aveuglette, où chaque décision peut être dangereuse, chaque pas catastrophique, chaque rencontre mortelle, deviendra également un voyage initiatique mêlé à une quête personnelle.

Sam Mendes filme la guerre comme on l’a rarement vu. Il n’utilise pas d’effets bruyants et spectaculaires comme Spielberg dans Il faut sauver le soldat Ryan, ni ne se complaît dans une violence excessive comme Mel Gibson dans Tu ne tueras point. Certes, 1917 est un film dur, mais pas tant par ses images (qui, prises une par une, sont quasiment tous publics à quelques exceptions près) que par sa violence psychologique. Ce sont l’horreur absurde de la guerre, sa tristesse et surtout l’insupportable solitude ressentie par les combattants qui sont ici magnifiquement démontrées. Mendes mélange l’onirique et le viscéral, et nous propose des instants de grâce (la rencontre avec la jeune Française ou la conversation finale entre le héros et le lieutenant). Le stress permanent est constamment baigné d’émotion et même, parfois, de petites lueurs d’espérance bienvenues.

Outre une reconstitution parfaite et une mise en scène lente et obsédante, le film bénéficie d’une excellente interprétation. Les deux jeunes acteurs principaux sont très bien choisis, et sont entourés, pour de fugaces apparitions, de «gueules» anglaises connues: Benedict Cumberbatch et Andrew Scott qui se retrouvent après la série Sherlock, Richard Madden, Mark Strong et Colin Firth.

917 est donc une belle réussite artistique et symbolique, et se trouve bien placé dans la course aux Oscars. Certaines critiques de presse parlent déjà «du film de l’année 2020». L’avenir nous le dira, mais ce n’est pas totalement impossible.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 18
Georges Blanc 16
Camille Mottier 15
Kevin Pereira 15
Alexandre Vouilloz 19
Amandine Gachnang 18
Sabrina Schwob 17