L'Adieu (The Farewell)

Y a-t-il des mensonges pires que d’autres? Est-ce vraiment un mensonge ou est-ce parfois plutôt une façon de protéger quelqu’un, de lui vouloir finalement du bien? Le film chouchou du festival américain Sundance questionne l’éthique autour de la vérité et de ses dissimulations.

Billi (Awkwafina) vit à New York depuis longtemps et rend de temps à autre visite à ses parents dans la banlieue. Lors d’un de ces repas de famille, ces derniers lui apprennent que sa grand-mère (Shuzhen Zhao) est malade, un cancer du poumon foudroyant qui ne lui laisse plus que trois mois. Bouleversée par la nouvelle, elle décide d’accompagner ses parents en Chine, et dire adieu à sa mamie. La subtilité du film réside alors dans la volonté de toute la famille - sauf Billi - de cacher à Naï Naï son funeste destin! Billi va donc devoir ravaler ses émotions et faire bonne figure.
Les mensonges commencent dès les premières minutes du film. D’anodines et ponctuelles, ces affabulations deviennent plus importantes et quotidiennes. En complément, une esthétique de la véracité s’impose par quelques plans extrêmement construits: une suite symétrique d’immeubles en travelling arrière empêche la fuite, tout comme le tube du scanner depuis l’intérieur duquel on observe la grand-mère se relever, persuadée qu’elle a juste un refroidissement.

L’Adieu aurait même pu être mis au pluriel tant il montre la diversité des réactions de chacun face à la future perte d’un être aimé. Quand certains refusent totalement de voir les choses en face, d’autres noient leur chagrin dans l’alcool ou pleurent en cachette. Les derniers moments sont vécus autour de magnifiques tablées, et l’on retrouve ici la gastronomie chinoise dans toute sa splendeur. Ces images donnent faim, à la fois de raviolis vapeurs mais aussi de famille et d’amour, quitte à ce que l’on mente sur le goût du plat, mais si c’est juste pour faire plaisir à sa grand-mère, alors ça va.