Brooklyn Affairs

Affiche Brooklyn Affairs
Réalisé par Edward Norton
Titre original Motherless Brooklyn
Pays de production U.S.A.
Année 2019
Durée
Musique Daniel Pemberton
Genre Policier, Drame
Distributeur Fox-Warner
Acteurs Bruce Willis, Willem Dafoe, Edward Norton, Alec Baldwin, Ethan Suplee, Gugu Mbatha-Raw
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 825
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film noir, Brooklyn Affairs se montre très révérencieux envers les codes stylistiques et narratifs du genre, mais il conte aussi, patiemment et avec beaucoup d’habileté, une histoire politique de mépris de classe. Par ailleurs, Baldwin et Norton (également réalisateur) contrastent brillamment dans un combat qui met aux prises la puissance et la fêlure.

Nous sommes à New York, en 1954. Lorsque le détective privé Frank Minna (Bruce Willis), empêtré qu’il était dans une affaire étrange et dangereuse, est tué, un seul de ses anciens collaborateurs (Lionel Essrog, interprété par Edward Norton) se sent un réel besoin d’honorer la mémoire de celui qui fut plus que son mentor: son sauveur. Et comme, au bureau, on ne confie désormais plus à Lionel que des dossiers sans consistance (Frank lui accordait une confiance dont les autres sont avares), il a tout le temps qu’il lui faut pour replonger dans cette enquête, découvrir les raisons du meurtre. On le suit alors dans ses recherches, dans l’élaboration d’un dossier qui très vite reliera la mort de Frank avec des motifs d’infâme politique: il est question d’un urbanisme qui se dit visionnaire, mais qui est surtout aveugle au sort de certaines minorités, qu’il écrase.

Brooklyn Affairs est un film noir rythmé de jazz. Trop jazzy, et trop «film noir», peut-être: ça sent la vénération. Mais il bénéficie d’un casting impressionnant. Edward Norton d’abord: pourtant quinquagénaire, l’acteur parvient à donner à son personnage une fragilité d’enfant blessé. Extraordinaire polychromie de ces petits yeux de Norton: mûrs, faillibles, malins, déterminés, timides, hésitants, forts. Et puis, ses tics, sa langue qui jouent, comme mus par une violente espièglerie, à saper les convenances sociales (syndrome de la Tourette), provoquent des rires, ou de l’agacement - chez lui surtout, perpétuellement placé dans cette position d’acteur/spectateur de son théâtre gênant, irrésistible. C’est une réussite sur le plan du jeu - quelle aisance! C’est aussi un apport majeur sur le plan scénaristique, car le syndrome est facteur d’imprévu, d’aléatoire, de faux pas: toutes choses qui s’accordent mal avec la maîtrise de soi qu’exige l’enquête. De là bon nombre de scènes tendues. Et face à ce Norton rapiécé, composite, face à ce David, un Goliath puissant comme un bloc: Alec Baldwin, crédible de bout en bout, campe un politicien obsédé par le pouvoir. Il faut voir ce film pour ce duel.

Alexandre Vouilloz

Appréciations

Nom Notes
Alexandre Vouilloz 15
Sabrina Schwob 15