Je ne te voyais pas

Affiche Je ne te voyais pas
Réalisé par François Kohler
Pays de production Suisse
Année 2019
Durée
Musique Christian Garcia-Gaucher
Genre Documentaire
Distributeur Cineworx
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 824

Critique

Vingt-deux ans plus tôt, Ruedi a été victime, de même que sa femme et sa fille qui étaient présentes, d’un braquage violent dans le bureau de poste où il travaillait. Tous les trois se sont retrouvés avec une arme sur la tempe.
Aujourd’hui, Ruedi participe à des médiations de justice dite restaurative, dans un dialogue humain et fort avec l’un de ses braqueurs qui l’ont traumatisé à vie. «S’il ne récidive pas et retrouve le droit chemin, ce sera une réussite», déclare-t-il face caméra. C’est à cette justice particulière et à ceux qui la pratiquent que François Kohler consacre ce documentaire remarquable.
Le concept a été imaginé et pratiqué en Belgique, et commence à s’exporter. Il s’agit de mettre face à face, dans un parloir de prison ou à l’extérieur, parfois des années après, des criminels et leurs victimes, pour autant bien sûr que les deux parties le souhaitent sincèrement et profondément. Une justice restaurative parallèle aux tribunaux et aux prisons, permettant aux auteurs qui regrettent leur acte de l’exprimer face à leur victime, et à la victime de leur répondre. Le tout dans une ambiance de type thérapie de groupe, afin de pouvoir éventuellement réparer ce qui peut encore l’être. Le réalisateur filme avec pudeur ces confrontations, dures au début pour les divers protagonistes mais qui parfois peuvent conduire à un vrai soulagement. Pour aller de l’avant et ne plus être des victimes, déclare un homme ayant subi une agression violente et gratuite. Chacun peut ainsi s’exprimer, s’excuser, dialoguer, face à des médiateurs faisant attention à la bonne volonté et à la compréhension de tous.
Un film aussi court que percutant, qui propose quelques moments incroyables filmés principalement entre la Belgique et la Suisse. L’un de ces moments montre un jeune disant à son agresseur qu’il a pardonné et refait sa vie, et l’agresseur lui répondant qu’il ne souhaite pas qu’on lui retire ainsi le fardeau de sa culpabilité. Je ne te voyais pas est un moment très fort, très beau, avec des parcours de vie et des récits profondément humains. Un film, donc, d’une grande intelligence. Une leçon de vie.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 18