The Current War

Affiche The Current War
Réalisé par Alfonso Gomez-Rejon
Titre original The Current War
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique Saunder Jurriaans, Danny Bensi, Dustin O'Halloran, Volker Bertelmann
Genre Drame, Historique, Biopic
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Nicholas Hoult, Tuppence Middleton, Benedict Cumberbatch, Michael Shannon, Katherine Waterston, Tom Holland
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 824
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une ligne de dialogue. Et l’idéologie se révèle. Immédiatement, on comprend d’où provient cet étrange sentiment de familiarité: «Le seul inventeur qu’on retient, c’est celui qui assemble le déjà existant».

La rivalité est un grand thème cinématographique. Son magnétisme suffit souvent à nous prendre au jeu. Mais dans The Current War, le titre est malheureusement plus électrique que le film. Un fait mathématique, d’abord, aidera à cerner son insuffisance. Le fait: le film avale dix ans (de 1880 à 1890) en 1 h 45. On avance vite, donc. Très vite, même. Et le scénario ne supporte pas le corset: faisant chambre à part, il refuse de s’adapter. En dix ans, il se passe énormément - et, c’est un impératif, il faut tout raconter! Ne rien manquer! Surtout pas! Conclusion: trop peu de temps pour trop d’infos -, on étouffe.

Le film nous raconte la compétition entre Thomas Edison (Benedict Cumberbatch), le génie et inventeur du courant continu, moins efficace, quoique plus cher, mais absolument sans danger, et son rival George Westinghouse, l’industriel et partisan du courant alternatif, moins cher, mais potentiellement dangereux - voire même létal. Passant d’un camp à l’autre, le brillant Nikola Tesla (Nicholas Hoult). Lequel des deux camps sera nommé pour éclairer l’exposition universelle de Chicago prévue pour 1890, et ainsi asseoir son hégémonie à travers tout le pays?

Visuellement, c’est beau. Le problème, c’est qu’il s’agit d’une beauté formatée, ornementale. Plus que cela, c’est une beauté trompeuse, mensongère. Car dans le fond, The Current War est une œuvre pusillanime. Sa pellicule - au sens métaphorique évidemment, le film n’est qu’un énième contenu numérique! - suinte la peur du risque. Exemple. On prend ce qui fonctionnait dans Imitation Game, mais en moins bien: Benedict Cumberbatch livre une version amoindrie et aplatie d’Alan Turing. Et, puisqu’il joue à nouveau un génie, le cadrage d’ensemble tend systématiquement à l’isoler (souvent filmé en courtes focales, qui plus est), afin d’attester du décalage cognitif qui le sépare des autres (la liste est longue, alors arrêtons).

The Current War a beau accumulé les belles vignettes, le film est dépourvu d’enthousiasme. Et ce qui est terrible, c’est que ce n’est pas sur nous que le film crache: c’est sur l’art, sur le cinéma. En estimant la singularité comme une contingence, c’est la création que le film ignore. Si selon son idéologie, l’art est un métier, et l’artisan, un simple marchand, alors il nous excusera de rejeter son rendez-vous.

Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 9