Et puis nous danserons

Affiche Et puis nous danserons
Réalisé par Levan Akin
Titre original And Then We Danced
Pays de production Suède, Géorgie, France
Année 2019
Durée
Musique Zviad Mgebry, Ben Wheeler (II)
Genre Romance, Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Levan Gelbakhiani, Bachi Valishvili, Ana Javakishvili, Tamar Bukhnikashvili, Kakha Gogidze, Giorgi Aladashvili
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 824
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film géorgien sur le coming out d’un jeune danseur, Et puis nous danserons dénonce, par cette orientation sexuelle réprimée culturellement, le poids de la tradition. Si la première partie constitue un véritable succès, la deuxième tombe dans les facilités du teen movie.

S’il est bien question dans Et puis nous danserons du positionnement des jeunes générations par rapport à la tradition, il n’y a pourtant pas un antagonisme radical entre ces deux pôles. A l’inverse d’une tendance qui est d’opposer - comme dans Ága, A Febre, ou encore Les Hirondelles de Kaboul - l’ancienne génération, gardienne d’une morale ou d’un mode de vie ancestraux, aux novices qui la rejettent en bloc, le protagoniste, Merab, ne le vit pas comme une contrainte mais veut au contraire en être un représentant, au début du moins. En effet, la danse géorgienne, qu’il pratique à haut niveau, est garante de ces mœurs, notamment du point de vue des représentations genrées: l’homme doit sembler fort, la femme virginale. Sensible et frêle, Merab persévère malgré les remarques désobligeantes de son professeur à l’Ensemble national géorgien. Le film tend à marquer la différence entre sa volonté infaillible de parvenir à incarner ces valeurs et le dilettantisme de son frère et Irakli, un nouveau venu dans la troupe qui agira, en tant que premier amour pour le protagoniste, comme le révélateur de l’orientation sexuelle de ce dernier. Ceci pour accentuer encore l’idée, et la dénoncer, que l’institution valorise avant tout un ethos viril.

La première partie du film est excellente par la manière qu’elle a de décrire, en restant toujours au plus près des personnages dpar le cadrage, cet acharnement pour vaincre les difficultés - autant au cours de danse, qu’au restaurant où Merab travaille comme serveur, qu’à la maison, foyer de conflits et de précarité économique. Mais par ce parti pris d’épouser la vision subjective du danseur, la ville et l’environnement en deviennent quasi inexistants. Lorsque Merab va retrouver son père qui mène une vie de SDF, les décors sont floutés la majeure partie du temps, et même si un plan d’ensemble vient ensuite donner une idée de l’espace, la vie urbaine échappe du cadre.

Une fois que le désir se concrétise, qu’il ne s’exprime plus uniquement par des maladresses ou en cachette, on bascule dans un récit sans consistance, qui montre une série d’événements et d’enchaînements face auxquels on reste indifférent. A l’exception d’une scène de confession entre les deux frères, couchés dans le même lit, on assiste aux scènes de débauches habituelles. Malgré cela, Et puis nous danserons se regarde sans ennui, surtout grâce à la prestation de l’acteur principal Levan Gelbakhiani, véritable Timothée Chalamet géorgien. Sa réserve et sa fragilité lui donnent un charme que le réalisateur se plaît à rendre sensuel par la manière qu’il a de le filmer quand il danse, marche ou se lève du lit, construisant ainsi un contre-point au modèle établi de la masculinité, ce qu’on ne peut que saluer.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 14
Noé Maggetti 15