Chanson Douce

Affiche Chanson Douce
Réalisé par Lucie Borleteau
Titre original Chanson Douce
Pays de production France
Année 2019
Durée
Musique Pierre Desprats
Genre Drame, Judiciaire
Distributeur Frenetic
Acteurs Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz, Assya Da Silva, Noëlle Renaude, Rehab Mehal
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 824
Bande annonce (Allociné)

Critique

Adapté du roman éponyme de Leïla Slimani, Chanson douce se veut le récit glaçant, d’un fait divers glaçant, avec une Karin Viard glaçante. Au final, seul le projet du film glace vraiment, les moyens mis en place servant un propos fumeux plus que dérangeant.

Le film s’ouvre sur une scène de confession, mains crispées en gros plan, voix hésitante, de Myriam, jeune maman tiraillée entre son envie de reprendre une activité professionnelle et ses deux enfants. De cette scène, il ne sera donné aucune explication par la suite, puisque le récit n’adoptera jamais le seul point de vue de la mère, ni ne reviendra sur les angoisses qui pointent déjà dans ses paroles, annonçant le pire. Beaucoup de choses sont d’ailleurs laissées en suspens dans Chanson douce, par exemple les motivations, le passé et la psychologie de Louise, la nounou exemplaire engagée pour s’occuper des deux petits, personnage pourtant central du récit.

Ce qui est en revanche très clair, c’est que par elle, arrive le malheur. Dès les premiers plans, une musique sourde, des cadrages fixes et trop centrés nous font sentir que le danger existe. Avertissements auxquels s’ajoutent les expressions figées de Karin Viard, puis, très vite, les débordements relationnels entre elle et la famille. Mais maintenir la tension sur toute la durée d’un film nécessite des variations et non pas d’imposer d’emblée les choses pour les reconduire, à l’identique, de scène en scène. Dès lors, chaque nouveau signe supposé inquiétant est banal et ce sont plutôt les rares moments de calme qui apparaissent comme perturbants.

Plus que par ces maladresses de forme, Chanson douce pèche par son propos, difficile à suivre tant les pistes d’explication esquissées sont abandonnées en cours de route - sans raison évidente d’ailleurs. Et les seuls éléments auxquels se raccrocher laissent songeur: doit-on vraiment en conclure que c’est la situation sociale de Louise, isolée dans une banlieue glauque, qui la pousse à bout face à la vie aisée de cette famille bobo? Qu’un monde qui encourage à gérer carrière et vie de famille de front ne peut que mener les personnages à la rupture?

Lucie Borleteau, la réalisatrice, disait que le récit de Leïla Slimani lui avait plu car il ne condamnait personne - si ce n’est la société - et n’imposait finalement pas de morale précise. Tant qu’à pousser l’absence de prise de position jusqu’au bout, l’on aurait préféré qu’elle s’abstienne également de choisir un fait divers sordide pour servir un propos aussi vide que le film qui le contient.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 8
Georges Blanc 13