Mafak

Deux enfants palestiniens, Ziad et Ramzi, jouent au foot dans les rues de Ramallah, à quelques kilomètres de Jérusalem. Jusqu’à leur adolescence, ils vivront comme leurs camarades une vie de virées entre amis, de blagues et d’insouciance. Sauf que l’insouciance ne peut pas durer dans cette partie du monde.

Ramzi est tué par un sniper et Ziad incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis. Quinze ans plus tard, il revient dans son village, considéré par ses compatriotes comme un héros de la résistance. Mais il est très dur pour Ziad de digérer son passé et de préparer son avenir.

Mafak est un film fort et réussi parlant notamment de la difficile réinsertion d’un ancien détenu, mais qui fouille également en profondeur la psychologie et les états d’âme de son héros. La Palestine ne peut réellement échapper à son histoire, Ziad non plus, il la porte comme un fardeau. C’est lorsqu’une jeune journaliste lui propose de l’interviewer pour un documentaire que Ziad tente enfin de faire la paix avec lui-même. Le cinéaste Bassam Jarbawi a lui-même grandi à Ramallah, et est retourné s’y installer après un détour par une école de cinéma en Amérique. Il s’est donc largement inspiré de choses vécues ou racontées pour réaliser ce film plutôt contemplatif, intimiste et touchant, servi par de très bons comédiens. Il réussit à ne pas tomber dans le piège du mélodrame excessif et filme, au contraire, avec un souci de réalité et d’honnêteté. Signalons encore que la traduction française de Mafak est «tournevis». Ce titre étrange, évidemment symbolique, est clairement expliqué au début du film. Ce mot signifie alors la fin de l’enfance pour Ziad. Mafak est une très bonne raison de faire un détour par le Zinéma à Lausanne, le CDD à Genève ou le Minimum à Neuchâtel.