Une Grande fille

Affiche Une Grande fille
Réalisé par Kantemir Balagov
Titre original Dylda
Pays de production Russie
Année 2019
Durée
Genre Drame
Distributeur Bellevaux
Acteurs Viktoria Miroshnichenko, Vasilisa Perelygina, Timofey Glazkov, Andrey Bykov, Igor Shirokov, Konstantin Balakirev
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 823
Bande annonce (Allociné)

Critique

Leningrad, 1945. La guerre mondiale qui vient tout juste de se terminer a laissé de profondes séquelles à la Russie. Les hommes sont morts, estropiés ou traumatisés, les femmes seules et désespérées. Dans ce contexte affreux, deux jeunes femmes, marquées à vie dans leur chair et leur esprit, tentent de se reconstruire. Kantemir Balagov nous propose un film d’une infinie puissance, d’une grande beauté et absolument terrifiant qui, dans son propos et sa forme, n’est pas sans rappeler Le Fils de Saul.

Le cinéaste cherche la vérité, l’authenticité à tout prix. Nul effet, nulle facilité dans sa mise en scène. Sa caméra s’incruste impitoyablement sur des visages ou des actions, parfois pendant de longues minutes, mettant le spectateur au cœur de l’émotion ou du drame, et lui interdisant de regarder ailleurs ou de se raccrocher à autre chose. Y compris dans une scène entre une femme et un enfant, scène terrifiante qui se passe d’explications ou de commentaires. Balagov soigne également son esthétique, en montrant une ville aussi ravagée que les visages de ceux qui la peuplent. Les deux héroïnes, Masha et Iya, sont interprétées par des comédiennes justes et sobres de bout en bout. Le film parle aussi d’autres sujets, comme l’avortement, la condition des femmes dans un certain pays et à une certaine époque, propose également des personnages secondaires fouillés et importants, le tout sans se diluer ou faire du remplissage. Une grande fille est un réel choc esthétique et scénaristique.

Un film très dur, âpre et dérangeant sur la folie, l’énergie du désespoir, la rédemption et l’espérance, qui donne une réelle leçon de mise en scène. Du grand art qui fut notamment récompensé à Cannes dans la catégorie Un certain regard. Certes on est ici dans le drame absolu, mais cela n’est jamais gratuit, toujours pour de bonnes raisons. Si l’on revient au Fils de Saul, auquel ce film peut être comparé, on se souvient des immenses qualités cinématographiques de l’œuvre, mais on pouvait douter de sa réelle utilité. Avec Une grande fille, on ne se pose pas la question.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 18
Serge Molla 17
Anthony Bekirov 20
Sabrina Schwob 17