Chambre 212

Affiche Chambre 212
Réalisé par Christophe Honoré
Titre original Chambre 212
Pays de production France, Belgique, Luxembourg
Année 2019
Durée
Genre Comédie, Drame
Distributeur Xenix
Acteurs Chiara Mastroianni, Benjamin Biolay, Vincent Lacoste, Camille Cottin, Stéphane Roger, Harrison Arevalo
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 821
Bande annonce (Allociné)

Critique

En 2018, Christophe Honoré avait magiquement fait renaître sur la scène théâtrale ses Idoles littéraires et cinématographiques. Cette année, c’est la machine à rêves qui tente de redonner vie aux fantômes du passé d’un couple dans Chambre 212.
On connaît le goût de Christophe Honoré pour un certain mélodrame, moins pathétique, plus dans la retenue que les films généralement rangés dans cette catégorie. Mais si l’harmonie était parfaite dans Plaire, aimer et courir vite (2018) entre le drame d’un amour homosexuel impossible - en raison de la mort qui guette l’un d’eux, contaminé par le sida - et la légèreté de moments volés à ce destin, on ne peut pas en dire autant pour Chambre 212 dont le poids tragique est tout simplement absent. Maria (Chiara Mastroianni), professeure de droit, mène sa vie comme elle l’entend, «déculottant» les nombreux hommes sur lesquels elle projette ses fantasmes. Son mari, Richard (Benjamin Biolay), découvre par hasard, un soir, son infidélité. S’ensuit une longue nuit aux couleurs bleues et orangées, aux nuages de fumée de cigarettes, dans la chambre d’hôtel 212 - numéro de l’article pénal portant sur la fidélité et le respect mutuels des époux - durant laquelle Maria redonne vie à des êtres du passé, notamment à son mari jeune (Vincent Lacoste) et à l’ancienne maîtresse (de piano) de celui-ci (Camille Cottin), qui côtoient, pour un instant, le monde des vivants.
Le casting des quatre acteurs principaux est parfait, tout particulièrement le duo - et ex-couple marié - que forment Chiara Mastroianni, cette dernière laissant apparaître subtilement derrière les apparences d’une femme autarcique la fragilité d’une conscience de la vieillesse, et Benjamin Biolay, privé de sa superbe dans le rôle d’un mari pantouflard et d’une douce naïveté. Ce contraste avec la posture de débauché narcissique du chanteur tel qu’il se décrit dans ses textes musicaux principalement, a tout pour plaire.
Mais malgré ce choix d’acteurs, une bande-son excellente s’intégrant intelligemment au récit (des chansons classiques à celles d’Aznavour) et des dialogues percutants (par exemple lorsque le jeune Richard balance à Maria ses quatre vérités), on reste hermétique au drame qui se joue devant nos yeux. Et pour cause: certaines scènes sont dotées d’un symbolisme un peu lourd, comme lorsque Richard panse les blessures de son soi passé après qu’un amant (interprété par le comédien Harrison Arevalo, déjà présent dans Les Idoles) de Maria l’a amoché, suggérant ainsi une réconciliation nécessaire du mari actuel avec la fougue et la virilité d’antan. Toutefois, c’est surtout la répétition d’un film à l’autre des mêmes situations et configurations amoureuses plaquées de manière artificielle sur la narration, ainsi que l’absence d’enjeu véritable, qui donnent l’impression d’un scénario un peu bâclé. Espérons qu’il ne s’agisse que d’un passage à vide avant un nouveau souffle d’inspiration.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 14
Serge Molla 16
Georges Blanc 11