Le roi nu - La révolution en 18 fragments

Affiche Le roi nu - La révolution en 18 fragments
Réalisé par Andreas Hoessli
Pays de production Suisse
Année 2019
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Vinca Film
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans

Critique

A la fin des années 70, Andreas Hoessli prépare un doctorat en Pologne. C’est là qu’il fait la connaissance d’un journaliste qui deviendra un ami, Ryszard Kapu?ci?ski, un reporter qui a travaillé en 1979 en Iran, au moment où le shah a été renversé. Il le retrouvera une année plus tard, en 1980, au moment de la révolution en Pologne: grévistes et syndicat «Solidarnosc» s’opposent au gouvernement communiste. Ces deux «révolutions» sont au centre de la réflexion de Le Roi nu - La Révolution en 18 fragments.

Quarante ans après ces événements, Andreas Hoessli (aujourd’hui documentariste de télévision et de cinéma) est retourné en Pologne interviewer - entre autres - les anciens chefs des services secrets communistes qui, à l’époque, l’avaient surveillé de très près, le considérant comme un éventuel suspect. Il y a retrouvé aussi beaucoup d’autres témoins des événements de 1978/9 et les a interrogés, avant de se rendre ensuite en Iran où il a pris contact avec plusieurs personnes qui avaient connu la révolution de 1979, ainsi qu’avec des jeunes nés plus tard.

Avec Le Roi nu il réalise ainsi un film qui se présente comme une réflexion sur les origines de deux révolutions, sur les souvenirs qu’en ont gardé des hommes et des femmes - qu’ils l’aient vécue ou non - et sur les incidences de ces événements passés sur leur vie personnelle d’aujourd’hui. Le cinéaste n’a pas cherché à retrouver et questionner des personnalités politiques ou publiques de l’époque, mais il a délibérément choisi de s’adresser à des citoyens de l’ombre, rencontrés un peu par hasard, des révolutionnaires des années 80 qui ont cru à l’époque qu’ils connaîtraient un changement important dans leurs vies privées. Le film est une sorte de radiographie comparée de ces deux moments historiques (en Pologne et en Iran) et de ce qu’il en reste aujourd’hui, en même temps qu’une réflexion plus générale sur les origines de toute révolution et les changements plus ou moins profonds qu’elle peut entraîner.

Edmond Vullioud, homme de théâtre et de cinéma, est le narrateur précis et sensible de ce documentaire original qui s’accompagne de séquences d’archives très intéressantes, de souvenirs personnels et des témoignages souvent émouvants de ceux qui ont traversé ces années perturbées qui ont débouché «in fine» sur la prise du pouvoir par l’ayatollah Khomeini (1979) et sur l’interdiction du mouvement Solidarnosc (déc. 1981). Le cinéaste a cherché à relier le passé au présent en écoutant tous ces témoins qui sont restés silencieux pendant des années. En y ajoutant aussi son propre vécu et ses expériences personnelles.

Le film parle ainsi d’un passé vivant confronté au présent, au travers de constants allers et retours dans le temps et l’espace, entre la Pologne et l’Iran. Andreas Hoessli semble croiser fortuitement des interlocuteurs qui s’expriment avec sensibilité et maîtrise: la démarche est subtile, plus humaniste qu’engagée politiquement, et l’on se surprend à éprouver beaucoup d’intérêt et une réelle complicité avec tous les intervenants de ce voyage historique et politique.


Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16