Golden Age

Golden Age, documentaire suisse programmé dans la sélection nationale du Festival Visions du Réel cette année, propose une plongée dans l’univers kitsch et surréaliste d’une maison de retraite pour ultra-riches en Floride.

On rit d’abord du mode de vie de ces personnes âgées qui semblent vouloir repousser la mort à grands coups de dollars, de champagne et de soirées à thème, dans le luxe dégoulinant et baroque d’une immense résidence. On suit également les propriétaires du palace et certains de leurs employés, libéraux à souhait, ne cherchant pas à cacher le fait que leurs pensionnaires ne sont guère plus qu’un business parmi d’autres - particulièrement rentable, certes.

Peu à peu, le film devient glaçant: on ne peut s’empêcher de frémir devant ce quotidien terriblement déconnecté de la réalité, rythmé par les parties de bingo ou les débats politiques bornés, et au sein duquel l’argent est considéré comme une solution miracle. L’effet est renforcé par une réalisation réussie, qui filme ce décor improbable, ses dorures, ses bibelots et ses couloirs interminables, via des plans larges et symétriques ou une caméra embarquée - parfois de façon très originale, notamment lorsque l’appareil est fixé sur différents accessoires de ménage utilisés par les employés du home.

Malheureusement, cette critique sociale efficace se double progressivement d’une forme de complaisance vis-à-vis de ce petit monde. En effet, la deuxième partie du long métrage veut construire une réflexion sur la vieillesse à partir des propos des pensionnaires. Or, il est difficile d’entrer en empathie avec ces protagonistes plus détestables les uns que les autres, et leurs témoignages agacent plus qu’ils n’émeuvent. En résulte un documentaire plutôt plaisant dans son ensemble, mais qui aurait gagné à concentrer son propos sur son aspect sociologique, plutôt que d’accorder une telle place à la philosophie de vie de vieillards trop riches que personne ne souhaite entendre.