Eisenberger, l’art doit être beau dit la grenouille à la mouche

Le titre du film fait référence à Christian Eisenberger, jeune artiste contemporain autrichien, dont la cote monte en flèche dans les milieux culturels germanophones. Le réalisateur suisse Hercli Bundi questionne le sens de l’art, non seulement à travers le portrait de cet artiste, mais également en allant sonder galeristes, collectionneurs, professeurs ou autres amateurs.

On ne compte plus les artistes qui ont droit à leur documentaire dédié. Rien que ces dernières semaines, on a vu Peter Lindbergh - Women’s Stories, Perché dans le vent ou encore Où es-tu, João Gilberto et maintenant ce Eisenberger. Le risque, c’est que ces films s’apparentent davantage à des épilogues d’expositions achetés à la boutique du musée qu’à des œuvres pouvant intéresser des spectateurs non initiés. Eisenberger évite-t-il cet écueil? Oui et non. Le réalisateur questionne le «système» autour de l’artiste afin de mieux comprendre la véritable nature de l’art. Le problème, c’est que cette démarche paraît un peu superficielle et ne semble être qu’un dispositif afin de légitimer un portrait intimiste de Christian Eisenberger.

Heureusement, ce dernier se révèle être un personnage haut en couleur. Malgré sa modestie, son goût pour la provocation et sa liberté de ton, il lui est bien difficile d’échapper à la composante mercantile rôdant dans les galeries d’art qui l’exposent. Conscient d’être un anarchiste dont l’œuvre se retrouve au centre de bien des spéculations, Eisenberger garde pourtant les pieds sur terre et continue de tracer une œuvre cohérente. L’intérêt du film se retrouve donc rehaussé par ce protagoniste dont le professeur d’art dit qu’il sait parfaitement donner l’image que le public attend de lui. Se serait-on laissé manipuler?