Les Hirondelles de Kaboul

Affiche Les Hirondelles de Kaboul
Réalisé par Zabou Breitman, Eléa Gobbé-Mévellec
Titre original Les Hirondelles de Kaboul
Pays de production France
Année 2019
Durée
Musique Alexis Rault
Genre Animation
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Hiam Abbass, Simon Abkarian, Swann Arlaud, Zita Hanrot, Jean-Claude Deret, Sébastien Pouderoux
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 819
Bande annonce (Allociné)

Critique

Kaboul, 1998. Sous le siège des Talibans, la ville est en ruines: criblée d’éclats d’obus, elle se dresse au milieu de terres arides comme anéantie, en suspension, tout comme les habitants qui y déambulent.

Parmis eux se trouve Atiq, gardien de prison sceptique quant aux mœurs des Talibans qui lui envoient des condamnées et sa femme Mussarat, rongée par le cancer. Y vivent également Mohsen et Zunaira, jeunes universitaires ayant dû renoncer à leurs vocations respectives en raison de l’oppression du régime en place. Des chefs talibans au vieil ermite du village, c’est un portrait hétéroclite et complet de la ville afghane que nous propose l’œuvre romanesque de Yasmina Khadra, parue il y a une quinzaine d’années. Profondément féministe - comme l’homonyme de l’écrivain, emprunté aux prénoms de sa femme, nous le laissait penser - le récit des Hirondelles de Kaboul forme un discours engagé et interpellant, étonnamment actuel sur une partie du monde malheureusement peu représentée dans le septième art. Aujourd’hui, c’est donc avec joie que nous retrouvons cet univers brillamment adapté à l’écran par deux femmes, l’une derrière la caméra (Zabou Breitman) et l’autre un pinceau à la main (Eléa Gobbé-Mévellec).

Malgré le cadre éprouvant de l’intrigue, le film nous emporte avec régal - grâce à ses aquarelles légères et ses couleurs chaudes réconfortantes - à travers un monde visuel remarquable. Le duo féminin a ainsi l’intelligence d’utiliser les outils offerts par l’animation à bon escient, et de ne pas se contenter d’adapter mot pour mot une œuvre issue du médium littéraire. Par exemple, Eléa Gobbé-Mévellec efface avec brio les visages de la foule lors d’une exécution, venant par cette simple absence de trait symboliser en un geste la désindividualisation de cette masse. Cette harmonie alliant la forme et le fond du film se retrouve par ailleurs tout au long de ce dernier, lui donnant en surplus une cohérence d’ensemble.

En dépit de ce graphisme poignant, quelques faiblesses demeurent qu’il serait injuste de ne pas nommer. Entre autres, un choix d’interprètes qui selon moi ne colle pas avec les images proposées ainsi qu’un récit quelque peu prévisible et long. Néanmoins, il n’y a aucune panique à avoir de ce côté-là: l’histoire est suffisamment bouleversante pour tenir quiconque en haleine, vous n’en sortirez donc aucunement déçu.


Anthony Bekirov

Appréciations

Nom Notes
Anthony Bekirov 17
Kevin Pereira 18
Serge Molla 17
Sabrina Schwob 15