Réalisé par | Pedro Almodóvar |
Titre original | Dolor y gloria |
Pays de production | Espagne |
Année | 2019 |
Durée | |
Musique | Alberto Iglesias |
Genre | Drame |
Distributeur | Pathé |
Acteurs | Penélope Cruz, Antonio Banderas, Julieta Serrano, Leonardo Sbaraglia, Asier Etxeandia, Nora Navas |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 813 |
Prix d'interprétation masculine à Antonio Banderas
Salvador (Antonio Banderas) est un réalisateur aux douleurs chroniques et intenses qui l’empêchent de travailler. Lorsque la cinémathèque de Madrid projette la version restaurée d’un de ses anciens succès et lui propose de venir animer un débat, le cinéaste renoue avec l’acteur principal du film, Alberto (Asier Etxeandia), avec qui il n’a plus eu contact depuis trente-deux ans. Celui-ci lui donne une solution pour échapper à sa souffrance constante, autant physique que mentale: l’héroïne. Alors que Salvador s’enfonce peu à peu dans la drogue, le passé resurgit, tant par des souvenirs de son enfance que par les retrouvailles de vieilles connaissances.
Entre addiction, homosexualité et relation conflictuelle à la mère, les aficionados du réalisateur espagnol retrouveront les préoccupations qui lui sont chères et qu’il traite si bien. De plus, en découvrant l’apparence d’Antonio Banderas (cheveux ébouriffés, vêtements colorés), l’objectif d’Almodóvar semble clair: il va nous parler de lui. Plusieurs éléments du film pointent en effet vers l’idée que fiction et réalité sont presque toujours liées - Salvador a inclus des pistes autobiographiques dans ses créations, voire même écrit un monologue totalement basé sur sa vie - et Almodóvar se prête lui aussi au jeu de l’autofiction.
L’art est d’ailleurs au centre de cette nouvelle réalisation almodovarienne, à l’instar de l’appartement de Salvador (d’ailleurs recréé à l’image de celui du véritable réalisateur) dont chaque mur est orné d’un tableau, d’une bibliothèque. S’il amène la gloire - même à un faible niveau, car comme le remarque le conservateur d’une galerie, certaines œuvres sont créées par des artistes qui n’ont pas conscience de l’être - il entretient également un lien étroit avec la douleur. Celle-ci est une cause mais également une conséquence de l’absence de création pour Salvador, que cette dernière plonge dans une profonde dépression. Il en vient même à se renier face à ses trop grandes souffrances qui l’incapacitent: en effet, sa soudaine attirance pour l’héroïne peut sembler anodine au début, mais plus l’histoire avance, plus on comprend que la drogue a été responsable de drames personnels pour le réalisateur. Le fait d’en prendre alors qu’il l’a tant condamnée montre que le cinéaste est prêt à tout pour pouvoir retrouver une inspiration créatrice. Mêlé à la notion de désir - elle aussi subtilement connectée à la fois à la douleur et à la gloire et se trouvant à la source de points culminants pour le récit -, l’art, et plus particulièrement le cinéma, se présente comme un médicament plus puissant que toutes les drogues, un moyen d’exorciser les peines physiques mais aussi et surtout psychologiques de Salvador, en lui permettant de rendre hommage à sa mère et à leur relation. Almodóvar nous livre donc un beau film très personnel et riche, célébrant l’amour, qu’il soit filial, passionnel ou immatériel.
Amandine Gachnang
Nom | Notes |
---|---|
Amandine Gachnang | 17 |
Anthony Bekirov | 13 |
Georges Blanc | 17 |
Serge Molla | 17 |
Kevin Pereira | 15 |
Geneviève Praplan | 18 |
Alexandre Vouilloz | 17 |