MJÓLK, La guerre du lait

Affiche MJÓLK, La guerre du lait
Réalisé par Grímur Hákonarson
Titre original MJÓLK, La guerre du lait
Pays de production Islande
Année 2019
Durée
Musique Valgeir Sigurdsson
Genre Drame, Comédie
Distributeur JMH
Acteurs Þorsteinn Bachmann, Arndís Hrönn Egilsdóttir, Þorsteinn Gunnar Bjarnason, Daniel Hans Erlendsson, Hafdís Helga Helgadóttir, Siggi Holm
Age légal 8 ans
Age suggéré 10 ans
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le réalisateur islandais, révélé par son étonnant Béliers, tourne à nouveau dans son pays une histoire simple (mais non pas simpliste), qui pourrait se jouer tout ailleurs tant les questions de pouvoir et d’indépendance ne connaissent pas de frontières. Inga et son mari possèdent une exploitation laitière et tentent avec grande difficulté de se sortir de leurs dettes et d’éviter la faillite. C’est difficile, mais ne paraît pas impossible jusqu’au jour où Reynick meurt dans l’accident de son camion. Cette mort ébranle Inga, d’autant plus qu’elle apparaît peu à peu comme un suicide soulevant bien des interrogations sur la Coopérative qui employait son mari comme livreur. Inga va-t-elle sombrer à son tour ? Le patron de la Coopérative l’espère sans bien sûr l’exprimer et voit d’un très mauvais œil la veuve remettre en question la manière dont sont traités les éleveurs par cette coopérative qui prétend en prendre grand soin.

Il faut dire qu’Inga, excédée, Inga s’est un jour mise au clavier de son ordinateur et a commencé par dénoncer certains agissements de la coopérative sur Facebook. Tout cela entraîne bien vite critiques et menaces à peine dissimulées et révèle du même coup de nombreux silences complices et quelques lâchetés communautaires…

Mais autant le deuil peut faire sombrer des êtres, autant est-il capable d’en éveiller d’autres en manifestant leur potentiel intérieur. Inga est de ceux-là : elle n’a peur de rien, elle n’a qu’une ferme à perdre et se montre prête à en prendre le risque. Aussi passe-t-elle progressivement de dérangée à dérangeante, suscitant le rejet puis le soutien d’une part de la communauté agricole locale fatiguée des conditions (im)posées par la coopérative qui avait été fondée à l’origine pour défendre ses intérêts et qui aujourd’hui se montre surtout soucieuse de conserver monopole économique.

Grimur Hákonarson aime les hommes et les femmes qu’il filme – cela se sent –,  tout autant que la sévérité de l’environnement où ils travaillent. Ainsi son film s’ouvre-t-il par une séquence montrant une vache qu’Inga aide à vêler. Cette naissance annonce d’une certaine manière la sienne suscité par un malheureux détour, et ce n’est pas fortuit qu’une chanson fait entendre en finale des paroles disant entre autres « c’est le moment de vivre ma vie ». Beauté des paysages, pudeur et rudesse, droiture et fausseté, silences et gestes parlant font de cette réalisation soignée un solide exemple de résilience.

Serge

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Georges Blanc 15