Late Night

Affiche Late Night
Réalisé par Nisha Ganatra
Titre original Late Night
Pays de production U.S.A.
Année 2019
Durée
Musique Lesley Barber
Genre Comédie
Distributeur Ascot Elite
Acteurs John Lithgow, Emma Thompson, Hugh Dancy, Denis O'Hare, Mindy Kaling, Reid Scott
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 818
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dans Late Night, Mindy Kaling offre à Emma Thompson un rôle de présentatrice télévisuelle brut de décoffrage. Pas sûr pour autant que le film soit de taille à revaloriser les médias américains.

Pourtant, on aurait au départ envie d’aimer le film, en tout cas pour son casting ou plutôt, avouons-le, pour Emma Thompson. Si Mindy Kaling a été scénariste pour la série The Office, son écriture tombe dans la facilité de la bien-pensance et d’une psychologie dressée à grands coups de dialogues clinquants. Difficile donc de s’attacher au parcours de Molly (Mindy Kaling, justement), jeune employée d’usine qui débarque dans l’univers de la télévision. Sa lutte pour exister dans ce milieu avant tout masculin et blanc paraît un peu artificielle, tant ses échanges avec ses collègues sont une suite de poncifs sur le féminisme, la discrimination, etc., alors même que le cœur du récit est ailleurs.

Tout tourne en effet autour de Katherine Newbury, présentatrice dont l’émission va être supprimée car n’étant pas «à la page». Le soin est laissé à Emma Thompson de jouer cette patronne insensible, proche de la Meryl Streep du Diable s’habille en Prada, mais sur le déclin. Elle arrive avec peine à faire exister les brillances ou les failles de son personnage, tout de suite contrées par les reproches de Molly qui, sans être professionnelle, sait néanmoins ce qui compte vraiment: la gentillesse. Et les modes du moment!

Ainsi, sous prétexte de la sauver de ses travers, Molly (et le récit) efface les particularités de ce personnage haut en couleur, à l’esprit anglais acéré et à l’indépendance féroce, pour le formater aux pensées et conduites américaines, au grand dam du spectateur. Katherine/Emma a beau être méprisante, elle tient à une forme d’exigence culturelle, préfère faire venir sur son plateau journalistes et sénateurs que les jeunes greluches qui font leur gloire en filmant le derrière de leur chien. Et comment ne pas adhérer à sa remarque sur la propension des Américains à effectuer leur catharsis en public, comme si le fait de s’excuser face au monde suffisait à effacer leurs fautes?

Mais les Etats-Unis restent un pays où il ne faudrait surtout pas avoir l’air plus malin que son voisin et le film s’empresse de faire sa propre scène de confession, comme pour se dédouaner d’avoir tenu des propos pouvant heurter la sensibilité du public. On préférera alors se réjouir de l’arrivée à la chaîne NBC de Lilly Singh, première femme de couleur à tenir un talk-show américain, plutôt que de ce film qui reconduit une vision de la posture à adopter face au monde, peut-être inévitable dans les méandres de la télévision, mais décevante dans une œuvre de cinéma portée par des femmes, oui, osons le mot, intelligentes.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 9