Monos

Affiche Monos
Réalisé par Alejandro Landes
Titre original Monos
Pays de production Colombie, Argentine, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Suède, Uruguay
Année 2019
Durée
Musique Mica Levi
Genre Drame
Distributeur trigon-film
Acteurs Moises Arias, Julianne Nicholson, Julián Giraldo, Jorge Román
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 818

Critique

Une fable. Donc en définitive une expérience métaphorique. Sauf qu’ici l’expérience est particulière: elle prend la forme d’un récit réel dans tout ce qu’il comporte de plus tendre et de plus sanglant.

Au sommet d’une montagne, la terre se mêle au ciel. Des enfants jouent à la guerre. Les armes à feu retentissent. La transpiration dégouline sur la fraîcheur des corps. Plus bas, une jungle. Une guerre y résonne. On l’entend à la radio. Ce n’était pas des enfants, mais de jeunes soldats. Une milice. Ce n’était pas un jeu, mais un entraînement. Une prémonition.

Appréhender Monos à l’aune de sa narration, c’est définitivement passer à côté. Non que le film soit dépourvu d’intérêt narratif. Non qu’il soit bridé par une intrigue classique et prévisible. Il se construit plutôt d’ailleurs sur une trame aux rebondissements fréquents qui n’est pas sans rappeler Sa majesté des mouches de William Golding. Sauf que dans ce film le récit n’est qu’une excuse, un leurre, un mirage. Toujours au second plan. Toujours en retrait. Ici ce qui compte, c’est l’expérience sensorielle. Une de celles qui prend aux tripes. Une de celles qui nous malmène impérieusement.

Car la volonté première d'Alejandro Landes est de nous servir un film de mise en scène. Et comme chaque film de mise en scène, les retours seront clivants. Soit on encaisse les nombreux coups assénés par une caméra adepte de violence hypnotique, de beauté barbare. On se laisse envoûter par une bande originale organique et viscérale. On supporte son oscillement constant qui conjugue inquiétude à émerveillement, fascination à indignation. Soit on est complétement hermétique à ce cinéma impudique et déconcertant. Ou hermétique à ce cinéma ultra léché dont l’absence d’aspérités peut suggérer le manque d’authenticité.

Quoi qu’il en soit Monos est un film riche. Riche d’idées, d’abord. Riche de sens, ensuite. Mais plus qu’un film, Monos est une expérience qui gagnerait beaucoup à être vue et revue. Car, une chose est sûre, cette œuvre, à la fois cryptique et viscérale, nous dépassera toujours. Elle se dérobera toujours sans qu’on puisse saisir pleinement son sens. Mais rien de grave, puisque là où le sens s’arrête, la tyrannie commence.


Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 15
Blaise Petitpierre 18
Sabrina Schwob 15