Debout

Affiche Debout
Réalisé par Stéphane Haskell
Titre original Debout
Pays de production France
Année 2019
Durée
Musique Gregory Rogove
Genre Documentaire
Distributeur Frenetic
Acteurs Raphaël Personnaz
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 817
Bande annonce (Allociné)

Critique

Stéphane Haskell souffre de douleurs chroniques suite à un syndrome de la queue de cheval. Face à l’insupportable, une lumière au bout d’une obscurité broyée de noir lui apparaît, lui donnant l’énergie et l’espoir nécessaire pour vivre. Cette rédemption, c’est le yoga. Parallèlement à cette pratique quotidienne et personnelle, un autre objectif se dessine dans l’esprit du cinéaste: réaliser un film pour affirmer unilatéralement le bienfait mondial du yoga. Pour ce faire, Stéphane Haskell entreprend un voyage autour du monde à la recherche d’institutions ou d’individus enseignant le yoga à des laissés-pour-compte, allant des prisonniers de San Quentin - seule prison de Californie pratiquant la peine de mort - au slum Kibera au Kenya, en passant par des prisonnières atteintes du sida dans un pays d’Afrique ou des enfants victimes, au Sri Lanka, du tsunami de 2004. Sont également filmés des jeunes du lycée de Gardanne, au sud de la France, où le yoga a été introduit comme discipline.

Sans remettre en doute l’efficacité de cette pratique - similaire à toute cause offrant de l’espoir à celui qui y croit, notamment la religion - ni la sincérité du réalisateur, on se scandalise pourtant face à ce documentaire qui est loin de s’intéresser véritablement aux conditions de vie des marginaux, rarement individualisés dans le plan et dont les rares témoignages recueillis servent uniquement à affirmer la force salvatrice du yoga. On ne peut s’empêcher de se demander quelle aurait été la réception d’un tel film si au lieu du yoga, très valorisé dans notre société, le réalisateur était allé à la recherche de missionnaires prêchant la bonne parole dans les quatre coins du monde ou auprès d’institutions affirmant la nécessité de rendre les pratiques religieuses obligatoires. Outre l’impression de faire un bond en arrière (n’y a-t-il pas aussi dans le yoga une idéologie, quoiqu’elle soit moins affirmée que dans la religion?), on rapprocherait ce geste d'un colonialisme culturel de manière plus évidente.

Être convaincu que le yoga est la panacée à même de «conduire de l’enfer à la lumière» est une chose, en faire un film univoque en est une autre.


Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 8