Yesterday

Affiche Yesterday
Réalisé par Danny Boyle
Titre original Yesterday
Pays de production Grande-Bretagne
Année 2019
Durée
Musique Daniel Pemberton
Genre Comédie, Musical
Distributeur Universal
Acteurs Lily James, Kate McKinnon, Himesh Patel, Ed Sheeran, Joel Fry, Alexander Arnold
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 816
Bande annonce (Allociné)

Critique

Imaginez un monde dans lequel personne ne se souviendrait des Beatles! C’est sur ce postulat fantaisiste que Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionaire) bâtit son dernier film, dont c’est là le seul aspect original.

Jack Malik (Himesh Patel) traîne sans succès ses velléités de devenir musicien dans les pubs et festivals de la campagne anglaise, accompagné néanmoins par sa fidèle amie et manager improvisée, Ellie (Lily James). Alors qu’il se résout à abandonner définitivement ses rêves, un black-out mondial de douze secondes, la collision avec un bus et deux dents cassées vont suffire à le projeter dans un univers où les Beatles n’ont jamais existé. Il voit là une chance inespérée de se faire enfin reconnaître, recherche paroles et mélodies pour se les approprier et part à la conquête de son destin, en oubliant derrière lui ce qui compte vraiment.

L’incident initial sert juste à dissimuler la banalité attristante de cette comédie romantique. Car ce sont bien les hésitations du couple central qui conduisent le récit; les abandons répétés d'Ellie, laissée à son travail d’enseignante de mathématiques, introduisent toujours un nouveau chapitre de la vie de Jack, vers l’Amérique et le succès au goût amer. L’interrogation potentielle sur ce qui fait réellement un bon artiste (ses chansons, sa voix, son image, l’industrie de la musique?) passe à la trappe. Demeurent quelques scènes qui cochent toutes les cases des plus mauvais clichés: Los Angeles et ses villas de luxe, les producteurs et membres du marketing intéressés uniquement par le profit, la viralité des réseaux sociaux comme moyen d’établir le talent.

Pire, l’histoire d’amour elle-même pêche sur de nombreux points. Si Yesterday reprend les poncifs du genre - de l’amour de longue date jamais avoué à la fille qui attend sur le garçon et lui revient quoi qu’il arrive (Lily James méritait mieux!), en passant par des dialogues entendus cent fois - le plus gros obstacle reste le personnage masculin. Arrêtons donc avec la scène gênante de confession de dernière minute qui efface toutes les erreurs commises par un type pathétique! Il serait bon que réalisateurs et scénaristes se souviennent que rendre attachant un protagoniste faillible demande davantage qu’un discours de quatre minutes après 1 h 50 de film.

Dès lors, les rares idées de mise en scène (cadrages inclinés, décors à la frontière du réel, effets de montage superposés) se perçoivent à leur tour comme de vains coups de peinture servant à masquer les manques d’une production sans génie aucun, à l’instar de son héros. N’est pas les Beatles qui veut - on regrette d’ailleurs bien vite de n’avoir droit qu’à des reprises, avouons-le, médiocres, comme seule bande-son. Une leçon que devrait peut-être reprendre à son compte Danny Boyle…


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 6
Noé Maggetti 10