Roxane

Affiche Roxane
Réalisé par Mélanie Auffret
Titre original Roxane
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Gaëtan Roussel
Genre Comédie
Distributeur Pathé Films
Acteurs Lionel Abelanski, Liliane Rovère, Léa Drucker, Michel Jonasz, Guillaume De Tonquédec, Kate Duchene
Age légal 8 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 815
Bande annonce (Allociné)

Critique

Mettre des poules dans un film garantit déjà quelques moments inoubliables (bonjour OSS 117). Si en plus s’y ajoutent un peu de Cyrano et la lumière de fin d’après-midi de la campagne bretonne, voilà la simple comédie qui bascule vers la fantaisie poétique.

Rencontrez donc Roxane, dame pour le moins caractérielle et qui ne se laisse guère bousculer, possédant un sacré chien. Grand regret, malgré le titre du film, Roxane n’est que la fidèle accompagnatrice - et poule domestique - de Raymond, petit propriétaire d’une exploitation d’œufs. Heureusement, Guillaume de Tonquédec (comédien tout à fait expérimenté) incarne avec sensibilité ce fermier taiseux, qui peu à peu s’ouvre (et s’affirme!) grâce à sa découverte du théâtre français.

A côté des scènes de récitation, auprès d’une voisine anglaise excentrique, se déroule le récit de la lutte de Raymond contre la grande industrie qui vise le «toujours plus», moins cher, moins bio, et vite. Et l’on sent, derrière les plans impressionnants de l’exploitation et les visages fatigués des paysans, toute l’expérience personnelle qu’y a glissée la réalisatrice. Pour son premier long métrage, Mélanie Auffret revisite en effet non seulement un sujet connu (son film de fin d’études était déjà une histoire de poule) mais surtout une région dans laquelle elle a grandi. Petite-fille d’agriculteurs de Corlay, elle tenait à donner à voir ce monde dans ses aspects les plus beaux comme les plus durs.

Car le fond social est là: le suicide qui guette les paysans sans ressource face aux plus grands, l’isolement de ces coins de campagne par rapport au reste du pays. Les paysages sont là pour conférer de l’ampleur à ce propos, comme les scènes au café permettent de saisir sans mélo les liens de la communauté, des proches, sans lesquels on ne peut survivre. Au milieu de cela, l’engouement de Raymond pour le théâtre permet un rapprochement comico-tragique entre deux univers, deux façons d’affronter les choses.

On regrette toutefois que ce dernier se tourne vers les réseaux sociaux pour diffuser ses interprétations et demander de l’aide au plus grand nombre, afin de soutenir l’exploitation locale. Non pas qu’il s’agisse de bouder toute perspective positive des «nouvelles» technologies mais parce que l’intégration, dans le film, des vidéos tournées crée une distance avec le geste théâtral, pour mettre plutôt l’accent sur la diffusion de ce contenu original à travers la France. Aux vignettes montrant une diversité de Français captivée par cet hurluberlu sincère, on préférera donc les rares tirades «en direct», dont un magnifique hommage à Sacha Guitry. Et Roxane!


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 13
Georges Blanc 12