Tambour battant

Affiche Tambour battant
Pays de production Suisse
Année 2019
Durée
Musique Nicolas Rabaeus
Genre Comédie
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Jean-Luc Bideau, Sabine Timoteo, Pierre Mifsud, Pascal Demolon
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 813

Critique

Soit on appréhende ce Tambour battant comme une comédie printanière dont la générosité drolatique suffit à nous combler de satisfaction, et l’on passe un bon moment; soit on se laisse surprendre, charmer, et finalement séduire par son discours idéologique dont la fécondité se mesure proportionnellement à son actualité, et l’on passe alors un grand moment. Car, derrière une histoire somme toute assez simple, se dissimule en réalité une multitude d’invitations à la réflexion politique contemporaine.

Au premier degré: depuis plus de quinze ans, Aloys dirige la fanfare de Monchoux, son village natal valaisan. Son rêve: emmener sa troupe à la fête fédérale. Désillusion: avec Aloys à sa tête, la fanfare ne montre aucun signe de progression. Changement: un nouveau chef d’orchestre, Pierre, est recruté pour se substituer à Aloys. Résultat: deux troupes de fanfare se forment au sein du même village, et c’est la guerre. Deuxième degré: soutenons les femmes dans leur combat pour une équité totale des genres. Chassons les pensées clivantes qui tendent à nous séparer dans une période qui pourtant dépend vitalement de valeurs communes et universelles. Élevons-nous face à la prétendue objectivité d’un système judiciaire beaucoup plus arbitraire qu’impartial. Du reste, ce ne sont là que des bribes illustratrices, car la richesse discursive du film déborde largement ces trois exemples.

 Par ailleurs, si le film nous attrape grâce à son maillage réflexif, ce n’est jamais au prix d’un traitement visuel ou formel bâclé: à vrai dire le réalisateur, François-Christophe Marzal, s’efforce continuellement d’assurer la transmission de ses enjeux par l’usage de procédés spécifiquement cinématographiques: la variabilité des échelles de plan relate souvent les rapports de force transposés à l’écran; par moments, l’utilisation du montage accentue l’absurdité d’une pensée prisonnière de considérations archaïques; les diverses focales sont mobilisées intelligemment, et évitent ainsi l’écueil d’une application trop académique, toujours susceptible de sombrer dans le programmatique.

Toutefois, il serait exagérer de sous-entendre que ce Tambour battant relève de la perfection: comme souvent avec la comédie, l’histoire souffre d’une trajectoire assez lisible, certains dialogues entachent une écriture d’ensemble plutôt convaincante, et le scénario s’abandonne parfois à quelques facilités. Mais que l’on ne s’y trompe pas: malgré ses légers contretemps, la mélodie de ce Tambour battant reste tout à fait fluide et percutante.


Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 16