Réalisé par | Ognjen Glavonic |
Titre original | Teret |
Pays de production | Serbie, France, Croatie, Iran, Qatar |
Année | 2018 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | trigon-Film |
Acteurs | Leon Lucev, Igor Bencina, Ivan Lucev, Pavle Cemerikic, Tamara Krcunovic |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 813 |
Alors que les conflits entre Serbes et Kosovars sont toujours latents, La Charge évoque les convois tragiques qui ont marqué la guerre et le lourd silence qui encombre le souvenir des uns et des autres.
Les états indépendants de l’ex-Yougoslavie n’ont toujours pas fait leur travail de mémoire. Avec son premier film de fiction, le réalisateur Ognjen Glavonic serbe ouvre une brèche dans un passé muré.
Son père a été soldat pendant les guerres yougoslaves. Aujourd’hui, il se demande: « Qu’y avait-il de si important à combattre, pour qu’il en abandonne ma mère, mon jeune frère et moi? Ce combat était-il donc plus important que sa famille... D’ailleurs contre quoi et qui exactement se battait-il? »
Cela paraît absurde aujourd’hui. Absurde et pourtant les peurs, les angoisses ne cèdent pas au temps. Beaucoup de mystère demeure, mais Vlada (Igor Bencina) vit au jour le jour. Vlada est un époux et père de famille ordinaire. Lorsqu’il perd son emploi, alors que la Serbie et le Kosovo entrent en guerre, il n’est pas fâché de trouver à s’engager comme transporteur routier. Le travail est exigeant - rouler du Kosovo à Belgrade sans s’arrêter, sans connaître son chargement, sans poser de questions - mais très bien rémunéré.
Vlada, pourtant, ne pourra pas s’empêcher de s’interroger sur ce qui se trouve dans sa remorque. C’est là le sens profond de ce film qui doit se lire comme une métaphore de la réalité contemporaine des Etats d’ex-Yougoslavie; il vaut mieux ne pas chercher à percer les mystères.
En voyageant avec Vlada, le spectateur découvre un pays de brume et de pluie, c’est la météorologie des âmes. L’OTAN bombarde ces pays qui ne veulent pas se désengluer de la guerre, tandis que les populations ruminent leur avenir perdu. En prenant un jeune auto-stoppeur, le conducteur se souvient qu’il a un fils du même âge, qu’il a lui-même été jeune, que son père s’est battu lors d’une autre guerre…
Ainsi se noue le fil de deux époques, de deux générations. Ainsi, selon le vœu du cinéaste, se révèle le poids de ce qu’une génération peut laisser à la suivante. La Charge pèse aussi lourd que son titre. C’est un film âpre qui renonce à la violence directe mais appuie progressivement, toujours plus fort, sur la conscience. Sa mise en scène classique refuse les effets. Tout est filmé en marge de la guerre pour ne pas montrer une fois encore le feu et les destructions, mais suggérer, stimuler, approfondir… Jusqu’à ce qu’arrive à l’écran ce dont on se doutait depuis longtemps. Ces horreurs que les populations d’ex-Yougoslavie devront bien finir de mettre au jour.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 15 |
Blaise Petitpierre | 14 |