Un Tramway à Jérusalem

Affiche Un Tramway à Jérusalem
Réalisé par Amos Gitaï
Titre original A Tramway in Jerusalem
Pays de production Israël
Année 2018
Durée
Musique Louis Sclavis, Alex Claude
Genre Drame
Distributeur Adok films
Acteurs Mathieu Amalric, Yaël Abecassis, Pippo Delbono, Achinoam Noa Nini, Elias Amalric, Keren Mor
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 812
Bande annonce (Allociné)

Critique

L’intérieur du tramway pourrait symboliser l’enfermement de Jérusalem dans ses miasmes. Pour Amos Gitaï, il témoigne surtout d’une cohabitation possible.

Dans ce nouveau film, le réalisateur israélien évoque les espoirs de coexistence et de dialogue qu’il voudrait pouvoir échanger contre la haine. «Un tramway à Jérusalem décrit une situation ironique, quasi utopique, dans laquelle la plupart des conflits seront maîtrisés et où cette belle ville, plusieurs fois millénaire, encouragera les gens à vivre côte à côte.»

Ce n’est pas un documentaire. Amos Gitaï a choisi ses acteurs et certains sont trop connus pour faire illusion, Mathieu Amalric, Pippo Delbono ou Yaël Abecassis par exemple. Son décor est celui du tramway qui traverse différents quartiers de Jérusalem, s’ouvrant aux arrêts sur une foule bigarrée, d’origines diverses, puis se refermant sur elle. Mais les personnages filmés sont fictifs, ils jouent un rôle qui pourrait correspondre à la réalité.

Ce qui frappe dans ce tramway, filmé à différentes heures du jour et de la nuit, c’est la diversité. On y rencontre des Israéliens, Juifs ou Arabes, comme des Palestiniens, mais aussi des touristes; ainsi Mathieu Amalric lisant un texte de Flaubert en voyage à Jérusalem. Les conversations sont de tous ordres. De l’explication de la Torah - très approximative semble-t-il -, aux difficultés conjugales, des thèmes récurrents comme celui de la paix, aux soucis privés. On y chante aussi, des chansons parfois reprises par plusieurs voyageurs.

L’orthodoxie juive est rééquilibrée par la belle séquence où un prêtre catholique italien (Pippo Delbono), peut-être fou, ressasse des versets de la Passion du Christ. La mosaïque ainsi reconstituée dessine le tableau d’une population complexe, bousculée interminablement entre le besoin de vivre en paix et le mouvement de fond qui entretient une atmosphère belliciste.

Les sentiments qui en émergent sont tout aussi complexes. L’humour est présent, étroitement lié aux caractéristiques sociales d’une communauté israélienne qui ne parvient pas à s’extirper du racisme et de la guerre. Parmi ces voyageurs, la présence de touristes tient de l’ironie par le fait que visiter Jérusalem c’est remettre en question le symbole que représente la ville, tout en admirant sa beauté quasi mystique.

Avec Un tramway à Jérusalem, Amos Gitaï rappelle que dans son pays, mais ailleurs aussi et aujourd’hui particulièrement, des gens vivent sous un couvert de réactions extrémistes, de convictions exacerbées et de discours politiques haineux. Ces gens, toujours en butte à la confrontation, doivent cependant apprendre à se réconcilier. Pour le réalisateur, c’est l’art qui peut garder les frontières ouvertes et favoriser le dialogue.


Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Serge Molla 15
Sabrina Schwob 17