Les Crevettes pailletées

Affiche Les Crevettes pailletées
Réalisé par Maxime Govare, Cédric Le Gallo
Titre original Les Crevettes pailletées
Pays de production France
Année 2019
Durée
Musique Thomas Couzinier, Frédéric Kooshmanian
Genre Comédie
Distributeur Praesens
Acteurs Roland Menou, Michaël Abiteboul, Alban Lenoir, Nicolas Gob, David Baiot, Romain Lancry
N° cinéfeuilles 811
Bande annonce (Allociné)

Critique

L’histoire (vraie) d’une équipe de waterpolo, « Les crevettes pailletées », permet, une fois n’est pas coutume, d’aborder la thématique homosexuelle, en se jouant des clichés pour mieux les dénoncer. Et cette comédie tombe particulièrement bien alors que l’intégrité sexuelle de chacun commence enfin à être reconnue.

Une piètre équipe formée d’hommes gays se voit tout à coup attribué un entraîneur vice-champion du monde natation, sanctionné après avoir tenu publiquement des propos homophobes. Si Matthias Le Goff (Nicolas Gob) veut racheter sa réputation, il doit préparer et accompagner « Les crevettes pailletées » aux prochains Gays Games en Croatie ! Va donc falloir que cet hétéro divorcé, incapable de s’occuper de sa fille pré-adolescente, prenne sur lui et apprenne à ces hommes qu’ils ne sont pas là pour faire de la figuration et les andouilles dans l’eau, mais pour s’entraîner sérieusement. Ainsi le sportif en vient à comprendre cette équipe haute en couleur, tout en assistant parfois aussi aux tumultes qui agitent cette même communauté, car les préjugés les uns contre les autres existent là aussi.

On aurait pu craindre le pire et c’est une bouffée d’oxygène qu’offre cette réalisation. Avec humour, elle démontre, si besoin était, qu’il n’y a pas un homme gay type (pas plus qu’un hétéro), que l’un peut être aussi extraverti, désinhibé et capable de toutes les excentricités que l’autre intraverti et désireux de ne rien laisser paraître. Et s’il n’est vraiment pas facile d’être né femme dans un corps d’homme comme Fred devenu trans, il n’est pas simple non plus d’être père au sein d’un couple homosexuel avec deux jumeaux. Ou comment avouer que l’on a le sida, qui n’est pas une maladie comme une autre, et que participer à des tels jeux procure autant de sens que risqué d’un point de vue cardiaque ?

A n’en pas douter, le sport est et reste un domaine où les regards jugent et condamnent, où les aptitudes et les comportements sont très « genrés », comme pour mieux classer – et souvent exclure – l’autre.  A cet égard, le message du film est limpide : il s’agit de combattre sans hésitation les préjugés blessant, capables de ruiner une vie, quels que soient les LGBT qu’ils touchent, et que les attaques soient verbales ou physiques. Bref, ce road movie vers la Croatie, dans un bus chatoyant qui ne passe pas inaperçu, incite et invite à rire avec toute une équipe où l’amitié reconstitue une famille. Il rappelle avec légèreté (et quelques maladresses) que la dignité et le respect sont indispensables pour devenir soi, ce qui est le droit de chacun.e.


Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Georges Blanc 10