At Eternity's Gate

Affiche At Eternity's Gate
Réalisé par Julian Schnabel
Titre original At Eternity's Gate
Pays de production France
Année 2018
Durée
Genre Biopic, Drame
Distributeur DCM
Acteurs Willem Dafoe, Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Mads Mikkelsen, Oscar Isaac, Rupert Friend
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 811
Bande annonce (Allociné)

Critique

La relation entre la figure de Vincent Van Gogh et la production cinématographique internationale ne date pas d’hier: de La Vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956) de Vincente Minnelli au récent La Passion Van Gogh (2017) de Dorota Kobiela et Hugh Welchman, en passant par le Van Gogh (1991) de Maurice Pialat, la vie et l’œuvre du peintre néerlandais semblent fasciner des réalisateurs de tous horizons.

At Eternity’s Gate, le dernier film de l’Américain Julian Schnabel, s’inscrit dans la lignée de ces longs métrages, avec pour ambition de faire transparaître la perception du monde du peintre lui-même, via une plongée dans son esprit et son regard particuliers.

Ce parti pris n’est pas étonnant de la part d’un cinéaste célèbre pour son adaptation du roman Le Scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby, sortie en 2007, qui plaçait le spectateur dans la subjectivité d’un homme plongé dans le coma et victime d’un locked-in syndrome, en mobilisant toutes les particularités de l’énonciation cinématographique. Un procédé similaire est à l’œuvre dans At Eternity’s Gate : pour faire ressentir au spectateur la vision de Van Gogh, que le personnage affirme à plusieurs reprises tenter de transmettre dans ses tableaux, Schnabel utilise différents procédés spécifiquement filmiques: des mouvements d’appareil saccadés obtenus par une caméra déplacée à la main ou à l’épaule, l’application de filtres pour teinter les images de jaune, une couleur chère à l’artiste, mais également un usage récurrent de la caméra subjective, d’un montage discontinu, d’un objectif à courte distance focale légèrement déformant, ou encore l’omniprésence de lens flares, ces taches de lumière créées par l’éclairage direct de l’objectif de la caméra. En bref, une esthétique fondée sur une exhibition du dispositif filmique, qui a pour double effet de plonger le spectateur dans l’esprit et le regard du peintre d’une part et, de l'autre, de lui rappeler de l’autre en permanence qu’il se trouve face à une représentation. À ce titre, le film s’offre comme un pendant de l’œuvre picturale de son protagoniste qui, elle aussi, s’exhibe en tant que représentation tout en matérialisant formellement un regard particulier porté sur le monde.

Le film n’est toutefois pas un «sans faute»: on regrette notamment quelques longueurs dans le rythme, le développement sommaire des (rares) personnages féminins, et la coexistence parfois étrange de différentes langues, en raison d’un casting international. Ce dernier n’est toutefois pas exempt de qualités : il met notamment sur le devant de la scène un Willem Dafoe dont le jeu plein de sensibilité - qui lui a valu une nomination aux Oscars dans la catégorie Meilleur acteur masculin - magnifie la plongée dans l’intériorité de l’artiste que propose le long métrage. Ainsi, malgré quelques bémols, Schnabel parvient à trouver une cohérence formelle en accord avec son sujet, et propose un regard cinématographique neuf sur le célèbre peintre postimpressionniste.


Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 16
Sabrina Schwob 14
Georges Blanc 18
Kevin Pereira 14