Santiago, Italia

Affiche Santiago, Italia
Réalisé par Nanni Moretti
Titre original Santiago, Italia
Pays de production Italie
Année 2018
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Nanni Moretti
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 811
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dans son dernier documentaire, le cinéaste italien Nanni Moretti porte un regard passionnant sur un épisode tragique de l’Histoire chilienne: le coup d’Etat du général Pinochet contre le gouvernement socialiste de Salvador Allende en 1973. Le film s'intéresse plus particulièrement au rôle qu’a joué l’ambassade d’Italie à Santiago dans l’accueil de réfugiés politiques menacés par la dictature militaire.

Pour dépeindre le drame qu’a représenté le renversement par l’armée chilienne d’un président élu démocratiquement, le climat de terreur qui régnait dans le pays suite à l’instauration du nouveau régime, les tortures subies par les sympathisants communistes, ainsi que les tentatives de fuite des citoyennes et citoyens et le réconfort qu’a représenté leur accueil dans l’ambassade italienne de la capitale, Moretti choisit de reléguer les images d’archives au second plan. Des séquences issues de la télévision ou de films amateurs de l’époque sont certes présentes, mais la majeure partie du long métrage est composée des voix et des visages de celles et ceux qui ont vécu de l’intérieur le passage de la joie provoquée par l’élection d’un président de gauche au drame de la dictature. Ces hommes et ces femmes, aujourd’hui encore installés en Italie suite à leur exil, s’adressent à la caméra du réalisateur. Ce sont leurs paroles entrecroisées, prononcées parfois en italien, parfois en espagnol, qui structurent le film et qui construisent le récit de ces événements historiques. Pour la plupart anciens militants communistes, ils ont pu fuir le Chili en 1973 grâce à l’aide et au soutien des diplomates italiens, dont l’ambassade à Santiago a été la dernière à accueillir les opposants au régime de Pinochet. La voix parfois joyeuse, parfois tremblante, les yeux souvent emplis de larmes, ils racontent leurs craintes suite au bombardement du palais gouvernemental, leur désespoir à la mort d’Allende, leur souffrance lorsqu’ils ont été torturés par l’armée. Ces témoignages sont rendus d’autant plus poignants et révoltants par leur mise en opposition avec des interviews menées par Moretti auprès d’anciens militaires - dont l’un est en prison - qui nient les faits ou continuent de soutenir le bien-fondé des actions de Pinochet.

Malgré la description de ces moments tragiques, le film n’est pas dénué de séquences teintées de joie et d’espoir, notamment lorsque les témoins narrent l’ouverture d’esprit des diplomates italiens qui n’ont pas hésité à faire entrer plusieurs centaines de personnes dans le bâtiment de l’ambassade, la vie quotidienne entre les murs de celle-ci, ou encore leur départ et la nouvelle vie qu’ils ont pu construire au sein de leur terre d’accueil européenne. Cette évocation d’une Italie généreuse et tolérante confère au film un propos politique profondément ancré dans le présent: se dessine en effet en creux une critique du pays aujourd’hui, en proie à la montée de l’extrême droite et rechignant à accueillir les migrants débarqués à Lampedusa.


Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 18