Promesse (La)

Affiche Promesse (La)
Réalisé par Sean Penn
Pays de production
Genre Divers
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 425

Critique

"Le jour de son départ à la retraite l'inspecteur Jerry Black (Jack Nicholson) rempile et s'en va enquêter sur le viol et le meurtre d'une fillette. La détresse des parents de la victime l'amène à leur faire la promesse solennelle de retrouver le meurtrier, coûte que coûte.

On pourrait se croire en présence d'un polar de plus. Il n'en est rien: on se rend vite compte en effet que Jerry a choisi cette mission pour donner un sens à sa nouvelle existence de retraité. Mais si son engagement, dans un premier temps, est respectable, on va rapidement découvrir aussi que ses motivations sont ambiguës et que sa démarche est de plus en plus obsessionnelle. La qualité du film réside précisément dans le lent glissement du personnage vers une forme d'entêtement fanatique, dans une dérive qui amènera finalement Jerry Black à ne plus mesurer les risques que son acharnement fait courir aux autres. On retrouve dès lors la ""patte"" de Friedrich Dürrenmatt (le scénario s'inspire du roman éponyme) ainsi que la thématique amère chère à l'écrivain bernois: le hasard restera toujours maître des événements et aucune satisfaction de notre sens de la justice n'est à espérer...

Si le texte de Dürrenmatt est une parodie du roman policier, le film - en cela c'est une oeuvre courageuse - est un polar frustrant, très éloigné des mythes, du rythme habituellement soutenu et des happy ends euphorisants du genre, ce qui explique sans doute le peu de succès public rencontré à ce jour par LA PROMESSE. Le cinéaste prend le temps de décrire son personnage, de le suivre patiemment dans les errances de son enquête, et d'installer au gré des événements une tension qui va s'introduire insidieusement chez le spectateur. On ne sait plus si Jerry Black a raison ou tort, si sa recherche est licite ou non, s'il s'enferme ou pas dans un monde intérieur qui pourrait bien finir par devenir sa propre prison. Bref, on est très loin du cinéma d'action américain qui nous submerge de plus en plus.

Le troisième film de Sean Penn est une œuvre personnelle, intéressante, qui peut déconcerter au premier abord parce que l'intrigue n'est pas simple et que Jack Nicholson, dans un rôle à contre-emploi (son jeu retenu est absolument remarquable), est un personnage relativement secret, dont la complexité ne se révèle que peu à peu. LA PROMESSE est l'œuvre d'un cinéaste qui a une forte personnalité: on peut saluer sans réserves l'indépendance d'esprit de Sean Penn vis-à-vis des schémas hollywoodiens.





Sean Penn



Sean Penn est né en 1960. Son oeuvre en tant que réalisateur (il mène parallèlement une carrière d'acteur) est encore modeste. Deux films à ce jour - THE INDIAN RUNNER (1991) et CROSSING GUARD (1995) - mais déjà une constante: la description d'une obsession, d'une idée fixe qui hante plusieurs personnages de ses films, qui sont comme marqués par une tragédie personnelle et entraînés par des événements qui les mèneront jusqu'aux limites de la folie. Sean Penn occupe une place personnelle intéressante dans le cinéma américain, en réaction contre le joug d'Hollywood."

Antoine Rochat