Les Oiseaux de passage

Affiche Les Oiseaux de passage
Réalisé par Ciro Guerra, Cristina Gallego
Titre original Pájaros de verano
Pays de production Colombie, Danemark, Mexique, France
Année 2018
Durée
Musique Leonardo Heiblum
Genre Drame, Thriller
Distributeur trigon-film
Acteurs José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez, Natalia Reyes, José Vicente (IX), Greider Meza
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 810
Bande annonce (Allociné)

Critique

Colombie, milieu des années 60. Dans l’immensité des plaines se trouvent les Wayuu, des indigènes vivant selon des traditions ancestrales de fraternité, de respect de la nature, et qui gagnent leur vie en vendant le café qu’ils produisent.

Un jour, poussés par des jeunes venus d’Amérique du Nord, ils réalisent qu’il est bien plus rentable de faire le commerce de la marijuana que celui du café. Et va ainsi démarrer l’engrenage infernal qui les mènera à leur destruction et à l’apparition des premiers cartels de la drogue.

Ciro Guerra et Cristina Gallego réalisent une fresque solide, inspirée de la réalité et absolument glaçante. Construit en cinq parties appelées «chants», analogues aux cercles de l’enfer de Dante et qui deviennent de plus en plus des chants de mort, Les Oiseaux de passage décrit la manière dont les hommes vont devenir fous, oublier toutes leurs valeurs par appât du gain et vont finir par s’entre-tuer. L’apparition des cartels qui vont rapidement ravager les Etats-Unis puis le monde, est racontée par un mélange clinique de réalisme, de brutalité et d’effroi. Le plus terrible est que la marijuana en elle-même devient très vite absente du film. Le récit ne nous montre que les effets du trafic de cette drogue sur les êtres humains, elle qui ne respecte rien, ni les traditions, ni la Terre, ni la vie simplement. Elle détruit autant les pauvres qui la produisent que les riches qui la consomment, et pèse comme une ombre maléfique sur la quinzaine d’années que le film nous raconte.

Les réalisateurs ont eu plusieurs excellentes idées. D’abord celle de faire parler les protagonistes dans le vrai dialecte wayuu, accentuant ainsi l’abandon des valeurs, les querelles et la progressive destruction de ce peuple. La violence n’est pas exagérée mais pas édulcorée non plus, le réalisme est saisissant. Le film prend tout son temps (ce qui peut occasionner ici ou là quelques petites longueurs), afin que le spectateur souffre cet engrenage inexorable. Extrêmement soigné dans ses paysages, ses acteurs, ses décors et ses costumes, le film est un mélange ravageur entre un thriller et une tragédie grecque. Oiseaux de passage? Plutôt oiseaux de malheur.


Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 16
Noé Maggetti 17
Kevin Pereira 17
Georges Blanc 14
Sabrina Schwob 13