La Lutte des classes

Affiche La Lutte des classes
Réalisé par Michel Leclerc
Titre original La Lutte des classes
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Guillaume Atlan
Genre Comédie
Distributeur Pathé Films
Acteurs Ramzy Bedia, Edouard Baer, Leïla Bekhti, Eye Haidara, Baya Kasmi, Tom Levy
Age légal 8 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 810
Bande annonce (Allociné)

Critique

Supposément marxiste - notamment par son titre, disons-le, présomptueux - le film siège paradoxalement du côté des dominants en dépit des dominés. Cette terminologie n’est d’ailleurs nullement anecdotique: le réalisateur, Michel Leclerc, s’amuse à répéter systématiquement les oppositions binaires: les Blancs sont confrontés aux communautés; l’élitisme de l’école privée répond à la mixité - et implicitement à la pauvreté, qu’elle soit économique ou intellectuelle - des institutions publiques; les non-croyants subissent les assauts de ceux qui croient; et la liste pourrait sans doute être étendue… Et quel dommage!

Car l’idée principale du film, de par sa fraîcheur et sa complexité, promet: fixer le tiraillement idéologique et axiologique d’un couple parental partagé entre la volonté de correspondre à leurs convictions politiques de gauche et le bien-être de leur enfant. Pour le dire autrement, que faire lorsque les idéaux s’opposent frontalement à la réalité?

Concrètement, le film s’articule autour de Sofia (Leïla Bekhti), Paul (Edouard Baer) et de leur fils Corentin (Tom Levy). Très vite, les meilleurs amis de Corentin quittent l’école publique - leurs parents ne supportant plus cette école de quartier - et, suite à leur départ, Corentin est gagné par la solitude. Ses parents doivent-ils rester fidèles à l’école républicaine, ou, à l’inverse, doivent-ils s’écarter de leurs opinions gauchistes et inscrire leur enfant à l’école catholique?

Malgré ses bonnes intentions, le film, dans son exécution, manque son sujet: tout d’abord, il ne suffit pas de gaver les dialogues d’insultes pour rendre crédible les milieux populaires; abuser de la musique emphatique pour soutirer quelques émotions au public dénote de grandes faiblesses; marteler avec autant d’assiduité les enjeux gâche la subtilité dessinée en creux; la fin, sans vouloir la révéler, est aussi invraisemblable que téléphonée. En somme, le film s’encouble tant formellement que thématiquement sur tous les clichés qu’il rencontre.

Enfin, en accumulant plus de fausses que de bonnes notes - Leïla Bekhti et Edouard Baer surnagent; quelques répliques détonnent: «Je ne veux pas que mon fils réussisse dans la vie, je veux qu’il réussisse sa vie»; la scène - la seule? - du clip est hilarante - le résultat de cette lutte des classes est logiquement insuffisant. Tristement, dans cette grande école qu’est le cinéma, cette année sera celle du redoublement pour Michel Leclerc.


Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 8
Georges Blanc 4