Blanche Comme Neige

Affiche Blanche Comme Neige
Réalisé par Anne Fontaine
Titre original Blanche Comme Neige
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Bruno Coulais
Genre Comédie
Distributeur Impuls
Acteurs Isabelle Huppert, Charles Berling, Richard Fréchette, Jonathan Cohen, Lou de Laâge, Damien Bonnard
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 810
Bande annonce (Allociné)

Critique

Après les célèbres Perfect Mothers (2013) et Les Innocentes (2015), Anne Fontaine propose dans son dernier long métrage une version modernisée du conte des frères Grimm, en faisant de Blanche-Neige une femme libre et émancipée.

Le présupposé niché derrière Blanche comme neige pourrait se résumer ainsi: en tant que belle femme, il vous est possible de n’appartenir à personne et de multiplier, conjointement, un nombre infini de relations charnelles. Pour les autres? Il ne reste que le mariage. Mais, si d’aventure, votre homme tombait sous le charme d’une plus jeune et plus belle que vous, n’essayez pas d’agir contre le destin, au risque d’y laisser votre vie.

 Cette adaptation de Blanche-Neige ne fait rien d’autre qu’insister sur la beauté, effectivement impressionnante, de Claire (Lou de Laâge). Le film aurait pourtant gagné en intérêt, en agrandissant quelque peu l’échelle des plans au lieu de se focaliser sur la moindre de ses mimiques comme révélatrice de sa perfection plastique ou en suggérant une part de mystère derrière ce doux visage. Dans un premier temps, un décalage naît de l’attractivité qu’elle exerce sur son entourage et l’impression qu’elle donne au spectateur d’être ailleurs, absente ou peu à l’aise. Ceci sert cependant de phase initiale à partir de laquelle son émancipation va pouvoir se réaliser, grâce aux regards des sept hommes qui lui tournent autour et à son départ de chez elle, provoqué par sa belle-mère - qui a, comme dans le conte, cherché à la tuer, avant qu’elle ne soit sauvée par l’un de ses prétendants.

 A trop vouloir mettre en évidence sa superficie, Claire se transforme en miroir dont le reflet dépend de l'image que l’homme projette sur elle. Elle ne semble autrement dit avoir une autre fonction que celle d’un objet (notamment lorsqu’elle accepte avec amusement de jouer la femme dominatrice sur la requête de Charles, interprété par Benoît Poelvoorde) dont l’autonomie se résume à ne pas appartenir (qu’)à un seul homme. A cette beauté lisse, on préfère la sensualité déroutante mêlée à un caractère explosif d’une Harriet Andersson dans Monika.

 Si l’image proposée de la liberté laisse songeur, on s’interroge aussi sur la vision proposée de la gent masculine. Hormis Vincent Macaigne qui offre une certaine complexité psychologique à son personnage, et une touche d’humour dans le rapport qu’il entretient avec son chien Tchernobyl, les autres hommes, tels des électrons, n’ont plus qu’un seul centre, autour duquel ils convergent tous. Blanche-Neige serait-elle dès lors comme la Juliette de Sade, libre en tant qu’elle accepte le vice et l’exerce de manière plus extrême que les hommes?

     En plus d’une absence de profondeur chez la quasi-totalité des personnages, les dialogues sont d’une platitude et d’une primitivité atterrantes; ils sonnent faux, comme si les acteurs étaient à côté de leur rôle, effet qui aurait pu être intéressant s’il était contrôlé. Parmi les multiples adaptations de Blanche-Neige, celle-ci finira vite dans l’oubli.


Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 8