Insulaire

Affiche Insulaire
Réalisé par Stephane Goël
Titre original Insulaire
Pays de production Suisse
Année 2018
Durée
Genre Documentaire
Distributeur First Hand Films
Acteurs Mathieu Amalric
Age suggéré 8 ans
N° cinéfeuilles 809

Critique

L’archipel de Juan Fernández, situé à près de 700 km des côtes chiliennes, dans le Pacifique Sud, cela ne vous dit peut-être rien. Mais si l’on vous apprend que ces îles ont pris le nom de Robinson Crusoé, l’écrivain Daniel Defoe s’étant inspiré, pour écrire son roman devenu célèbre, de l’aventure survenue à un marin écossais abandonné en cet endroit en 1704, alors vous réagissez.

Et vous comprendrez pourquoi un cinéaste suisse, Stéphane Goël, s’est intéressé à cet archipel perdu au milieu du Pacifique lorsqu’il a appris qu’en 1877, Alfred von Rodt, un jeune aristocrate bernois, en était devenu le gouverneur. Ce dernier régnera jusqu’à sa mort sur «son petit royaume», peuplé de quelques dizaines d’insulaires et de milliers de chèvres. Ses descendants rêvent encore d’autonomie politique et songent même à réguler l’immigration.

Cette île est donc bien une sorte de métaphore, un morceau de Suisse perdue dans l’océan. Les quelque 800 habitants sont tous issus de l’immigration, suisse ou chilienne, et vivent de la pêche à la langouste ou d’un peu de tourisme. Ils sont connectés au reste du monde par la télévision, internet, et par un navire qui vient du Chili une fois par mois les ravitailler. Ils aiment leur île, rude et inhospitalière, et sont fiers de leurs origines et de leur culture suisse.

Entre la beauté des paysages à couper le souffle et l’énergie brute des locaux aux mœurs presqu’archaïques, ce film souligne aussi le côté réfractaire des insulaires à accueillir de nouveaux arrivants. «Celui qui veut s’installer doit faire une promesse: son amour de l’île doit être inconditionnel», expliquent ses farouches habitants.

Cette envoûtante épopée est racontée par Stéphane Goël dans un documentaire qui dialogue entre passé et présent, fiction et réalité. Inspiré des lettres d’Alfred von Rodt lui-même, le très beau texte d’Antoine Jaccoud admirablement rendu par l’acteur Mathieu Amalric permet à la voix du «descendant de Robinson Crusoé» d’être entendue, telle une présence fantomatique venue des îles.


Georges Blanc

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 14
Sabrina Schwob 17