Un coup de maître

Affiche Un coup de maître
Réalisé par Gastón Duprat
Titre original Mi Obra Maestra
Pays de production Espagne, Argentine
Année 2018
Durée
Musique Emilio Kauderer, Alejandro Kauderer
Genre Comédie
Distributeur Xenix
Acteurs Raúl Arévalo, Guillermo Francella, Andrea Frigerio, Luis Brandoni, Maria Soldi, Julio Marticorena
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 809
Bande annonce (Allociné)

Critique

Après la littérature (Citoyen d’honneur, 2016) le cinéaste argentin Gastón Duprat a choisi le monde de la peinture pour sa nouvelle comédie, Un coup de maître.

Arturo (Guillermo Francella), propriétaire d’une galerie d’art à Buenos Aires, apparaît comme un homme engagé dans son métier, conciliant et affable. Dans les lieux où il évolue, il croise des collectionneurs richissimes et des femmes mondaines; il semble prendre intelligemment en charge plusieurs artistes dont Renzo Nervi (Luis Brandoni), un peintre qui a eu son heure de gloire dans les années 80, mais qui est aujourd’hui sur la touche. Sa cote a baissé, il ne vend plus rien, devient grincheux, provocateur et s’isole de plus en plus. Jusqu’au jour où Arturo réussit à le persuader de créer une œuvre murale pour une multinationale norvégienne. Mais là aussi Renzo finit par se saborder, rejetant la vacuité artistique des dirigeants de l’entreprise. Son amitié avec Arturo semble alors en prendre un coup, mais survient un événement personnel important - au spectateur de le découvrir - qui l’affectera fortement et rapprochera à nouveau les deux compères.

A partir de là, la tonalité change: on quitte l’incursion critique dans le milieu de l’art pictural argentin pour assister à la naissance d’un autre film, une sorte de thriller amusé - mais peu convaincant. Arturo et Renzo quittent la capitale pour remonter à Jujuy, dans les décors rocailleux et rougeoyants du nord-ouest de l’Argentine.

Un coup de maître est construit sur un long flash-back qui démarre dès les premières images avec la voix off d’Arturo qui laisse immédiatement entendre au spectateur qu’il est lui-même un assassin. On est donc troublé et averti. Dans la première partie du film le cinéaste tient bon la barre d’une farce humaine et artistique: la satire est parfois plaisante et soulève quelques (bonnes) questions sur l’art, sans apporter de réponses (peut-être n’y en a-t-il pas…) La mise en scène est correcte (assez poussive parfois), le jeu des acteurs de qualité. Un troisième personnage, Alex (Raúl Arévalo), interférera dans la vie de Renzo (qu’il admire): il veut prendre des leçons de peinture chez l’artiste, mais sera mal reçu. On le retrouvera à la fin du film, à un moment crucial.

 La deuxième partie du film, qui adopte les codes du thriller, se voudrait comique, sans y parvenir. Les personnages deviennent souvent farfelus, la satire disparaît, l’humour est laborieux, un suspense assez lourd et artificiel accompagne plusieurs séquences qui se traînent.

 Comédie grinçante, ce «coup de maître» n’en est peut-être pas un. L’intrigue apparaît faite de pièces et de morceaux, les dialogues, de façon générale, occupent trop de place et cette comédie sur l’art contemporain vire trop de bord en route, abandonnant son fil conducteur.


Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 12
Georges Blanc 15