The Kindergarten Teacher

Remake d’un film franco-israélien, The Kindergarten Teacher met en scène le déploiement d’une relation progressivement malsaine entre une institutrice et l’un de ses élèves.

Lisa Spinelli (Maggie Gyllenhaal), enseignante en maternelle, apparaît, dès les premières minutes du film, sans ancrage dans le monde réel. Son indifférence quant à ce qui l’environne s’exprime par une absence de marquage formel de ses déplacements dans l’espace; le spectateur ne sait où elle se dirige, et aucune indication quant à sa vie de famille n’est fournie dans un premier temps. Seuls des cours du soir de poésie semblent l’inspirer, quoiqu’ils accentuent la distance entre elle et les autres. Ni son mari, ni ses enfants, qu'une hyperconnexion sur les réseaux sociaux aurait détourné de la réalisation artistique - vision alarmiste dont on se serait volontiers passé - n’y sont sensibles.

Dans cet environnement peu propice à la création et à l’imagination, il est pourtant une exception : Jimmy, l’un de ses élèves, qui, de manière inattendue, en vient à déclamer des vers, sans qu’il puisse tout à fait ressaisir ensuite son action. Voulant à tout prix préserver ce génie d’une société encline à l’étouffer, Lisa n’aura d’autres préoccupations que de stimuler ce talent, en dépit des propres besoins de l’enfant, et de la loi.

Cette vision un peu naïve de la poésie, comme une retraduction immédiate des sensations sans médiation de la pensée, dérange moins que d’autres faiblesses présentes dans l’œuvre, et notamment l’inconsistance du personnage de Jimmy, qui semble n’être qu’une fonction dans l’avancée du récit. De manière plus générale, l’ensemble des personnages autour de Lisa souffre d’une absence de profondeur, peut-être afin d’exprimer le peu d’égard que la protagoniste leur accorde. Aussi, les histoires parallèles se mêlent difficilement au récit principal, comme la romance éphémère entre Lisa et son professeur de poésie, bien que l’apparition de Gael Garcia Bernal soit bienvenue.

Malgré ces défauts, certaines scènes de The Kindergarten Teacher ne contiennent pas moins une véritable tension, en opposant aux intentions indéniablement bonnes de Lisa, un malaise palpable et qui émerge de sa folle détermination, de l’ambiguïté des lieux dans lesquels elle entraîne le jeune garçon et de son rapport presque fusionnel avec lui. Plus encore, c’est la prestation de Maggie Gyllenhaal qui convainc en femme désespérément solitaire et désenchantée dont témoignent une attitude nonchalante et des regards absents.