Le Réformateur

Moins présent dans la mémoire collective que Luther ou Calvin, Ulrich Zwingli (1484-1531) n’est pas moins un acteur très important de la Réforme dans sa ville de Zurich, et dans toute la Suisse allemande.

Sorti depuis plusieurs semaines déjà outre-Sarine, ce film du réalisateur et scénariste zurichois Stefan Haupt est un beau succès public, tout à fait mérité. Pour qualifier la mise en scène, l’interprétation, les décors, le grand soin apporté à la reconstitution historique, un seul mot: solide.

C’est d’abord et avant tout grâce à l’excellence et à la minutie de cette reconstitution que le film est frappant. On est vraiment transportés à Zurich au XVIe siècle, et chaque détail de costumes, d’accessoires, de figuration, est soigné. Contrairement au très moyen Luther d’Eric Till en 2003 qui, malgré un casting quatre étoiles (Joseph Fiennes, Bruno Ganz, Peter Ustinov, Alfred Molina) faisait dans le mystico-fabriqué, Le Réformateur est extrêmement rigoureux dans le fond et la forme. Zwingli, l’homme qui lutte contre les dogmatismes, avec une soif de liberté et d’humanisme, est incarné avec une belle énergie par l’acteur Max Simonischek. Une grande place est aussi accordée à l’épouse du réformateur, ce qui permet au public de voir l’histoire à travers le regard et les pensées d’une femme amoureuse, par moments critique, et personnellement impliquée. Le film ne verse jamais dans le sensationnalisme ou la facilité, et rend réellement justice à l’Histoire et aux protagonistes. La correspondance personnelle de Zwingli, dans laquelle il remettait déjà en question le célibat des prêtres notamment, est importante également, soulignant ainsi le grand vent révolutionnaire ayant soufflé à cette époque.

Le Réformateur est un film luxueux, sérieux et esthétiquement fort, qui représente un bel hommage à la liberté de parole et de pensée qui secoua notre pays il y a plus de 500 ans.