Réalisé par | François Ozon |
Titre original | Grâce à Dieu |
Pays de production | France, Belgique |
Année | 2019 |
Durée | |
Musique | Evgueni Galperine, Sacha Galperine |
Genre | Drame |
Distributeur | Filmcoopi |
Acteurs | Melvil Poupaud, Josiane Balasko, Eric Caravaca, Frédéric Pierrot, Denis Ménochet, Swann Arlaud |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 807 |
L’actualité est au cœur de ce film qui revient en détails sur une affaire de pédophilie au sein de l’Eglise catholique en France. Tout commence en 2014 lorsqu’Alexandre Hezet, père de famille de cinq enfants et catholique engagé, apprend qu’un prêtre, le père Bernard Preynat, est de retour à Lyon. Or il reconnaît en cet homme celui qui abusa de lui alors qu’il était servant de messe et lors des camps scouts auxquels il participa enfant. A 17 ans, il réussit à en parler à ses parents qui hélas ne l’écoutèrent pas. Le père Preynat fut néanmoins dénoncé dès 1991 au cardinal Decoutray, alors primat des Gaules, par la famille de l’un des anciens scouts que le prêtre encadrait dans la paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon. Écarté pour un temps de cette mission, il fut muté dans le Roannais (Loire) où il enseigna à nouveau le catéchisme à des enfants et fut responsable de plusieurs paroisses jusqu’à ce que l’affaire refasse surface, suite notamment à la ténacité d’Alexandre, bien décidé d’en appeler à la hiérarchie de l’Eglise pour que ce prêtre ne puisse au moins plus exercer.
Dans un premier temps, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, prétend écouter et invite Alexandre à rencontrer ledit prêtre. Il n’intervient donc pas concrètement, jusqu’au moment où se fait connaître une autre victime qui ébruite l’affaire, au point qu’en février 2016 le parquet de Lyon est saisi d’une plainte émanant de rares victimes dont les faits ne sont alors pas prescrits. Parallèlement se crée une association de victimes, « La Parole Libérée », qui recense plus de 70 victimes présumées du père Preynat, pour lesquelles les faits sont prescrits dans la majorité des cas. Et ce n’est que tout récemment que les parties civiles à l’origine de la plainte pour « non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans » ont atteint leur premier but en faisant asseoir sur le banc des prévenus le cardinal de Lyon Philippe Barbarin, l’archevêque d’Auch Maurice Gardès, l’évêque de Nevers Thierry Brac de la Perrière, le prêtre Xavier Grillon.
Les acteurs réunis par Ozon convainquent, dans ce film permettant de mieux cerner les arcanes du pouvoir de l’institution religieuse catholique. Il montre bien que l’Eglise qui pensait régler le problème en déplaçant le prêtre coupable n’a fait que l’aggraver, jetant un discrédit sur la foi elle-même. Cette attitude a non seulement augmenté le préjudice et la souffrance des victimes, mais elle a conduit bien des hommes et femmes à ne plus vouloir entendre quoi que ce soit de l’Eglise ou avoir affaire avec elle.
Ce film ne prononce toutefois pas de réquisitoire, mais il révèle et reconnaît l’horreur subie par tant de jeunes hommes, marqués à vie. Implicitement, il pose évidemment la question du célibat, que d’aucuns vivent certainement comme une vocation. Mais, au su de ceux qui ont commis l’irréparable, tout prêtre en contact avec des enfants ou des jeunes finit par être soupçonné. Au point sans nul doute que la question d’un des aînés à Alexandre, son père, résonnera chez bien des spectateurs « Tu crois encore en Dieu, papa ? ».
Serge Molla
Nom | Notes |
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Serge Molla | 15 |
Geneviève Praplan | 15 |
Georges Blanc | 16 |