Réalisé par | Marcelo Martinessi |
Titre original | Las Herederas |
Pays de production | Paraguay, Allemagne, Uruguay, Norvège, France, Brésil |
Année | 2018 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | Cineworx |
Acteurs | Ana Brun, Margarita Irún, Ana Ivanova, Nilda González, Maria Martins, Alicia Guerra |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 806 |
Chela (Ana Brun) est une sexagénaire paraguayenne qui a vécu pendant des décennies une vie riche et confortable avec sa compagne Chiquita. Mais le temps a passé, l’argent s’est envolé, et Chela est peu à peu devenue une femme résignée et triste.
Lorsque son amie est condamnée à une peine de prison pour fraude, elle se voit contrainte de vendre de nombreux objets représentatifs de son passé bourgeois révolu et de se préparer un nouvel avenir. Une rencontre inattendue va l’y aider.
Le réalisateur Marcelo Martinessi aborde de nombreux thèmes: la bourgeoisie décadente, l’homosexualité dans un pays qui n’est guère progressiste en la matière, la solitude, le don de soi, l’espoir, mais aussi des thèmes plus généraux tels que l’illettrisme ou l’hypocrisie d’une bourgeoisie déconnectée de la réalité. En cela, les amies de Chela, qui la renvoient à ce qu’elle était dans le passé, sont particulièrement éloquentes.
Très réfléchie, la mise en scène est à l’image de l’héroïne et évolue avec elle. La première partie du film se déroule dans une ambiance sombre, dans cette maison aux volets fermés. Le metteur en scène nous fait réellement entrer dans les pensées et l’intimité de Chela par de gros plans sur son visage ou d’autres images, comme volées, filmées par exemple derrière une porte entrouverte. Puis, lorsque Chela commence enfin à oser se risquer hors de chez elle pour découvrir ce que peut être sa nouvelle vie, la mise en scène devient plus lumineuse et aérienne. Comme dans le célèbre film Le Chat avec Gabin et Signoret, où l’existence des personnages est rythmée par la démolition de leur quartier, la vie de Chela se calque sur celle de sa maison qui se vide progressivement.
Mais le film est aussi à l’image de Chela telle qu’elle est au début de l’histoire: retenu, intérieur, austère. Très, trop austère peut-être. S’il ne se complaît pas dans le pathos, le réalisateur aurait pu, par moments, alléger un brin. Certaines longueurs sont à relever, heureusement sans trop de gravité grâce à la performance magnifique de l’actrice principale, dont on apprend avec surprise qu’il s’agit de son premier rôle au cinéma. Elle est bouleversante dans ses regards et ses silences. La fin du film est en outre très intelligente, avec une dernière scène extrêmement ouverte. Chaque spectateur imaginera ce qu’il veut y voir. On a envie d’espérer une suite heureuse au chemin de Chela.
Philippe Thonney
Nom | Notes |
---|---|
Philippe Thonney | 13 |
Sabrina Schwob | 15 |
Georges Blanc | 11 |