A Bright Light - Karen and the Process

Affiche A Bright Light - Karen and the Process
Réalisé par Emmanuelle Antille
Titre original A Bright Light - Karen and the Process
Pays de production Suisse
Année 2018
Durée
Musique Karen Dalton
Genre Documentaire, expérimental
Distributeur Sister Distribution
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 806

Critique

Tout d’abord une voix. Ou plutôt deux. Celle de Karen Dalton, déchirée dans sa douceur même, profonde et éthérée à la fois. Celle d’Emmanuelle Antille, légère mais concernée, tendre mais précise, qui questionne, cherche et parfois, au détour d’un texte, se substitue à la première.

Mais qui sont ces deux femmes et qu’est-ce qui les attire ainsi l’une vers l’autre? Karen Dalton fut l’une des artistes les plus unanimement admirées de la scène musicale américaine des années 60-70. Une vie tortueuse, une gloire qui s’échappe sans cesse, une mort trop vite arrivée en auront néanmoins fait une quasi inconnue pour la postérité. D’Emmanuelle Antille, la réalisatrice, le film nous apprendra peu de choses et pourtant, c’est sa présence - et celles de sa camerawoman et de sa preneuse de son - devant et derrière la caméra, qui permet cette rencontre envoûtante. Entre elle et son sujet, entre nous et elles.

Car rien ici de l’habituel portrait documentaire, où témoignages et images d’archives viennent retracer les étapes et les facettes d’une vie complexe en un éventail bien ordonné. L’image, qu’elle soit passée ou présente, voire rejouée - Emmanuelle Antille utilise parfois une caméra Super 8 en parallèle des images réalisées par son équipe -, est modulée dans sa matérialité sonore et plastique pour dire… pour dire quoi au fond? La fuite en avant de Karen, figure absente malgré les récits qui sont faits par des proches retrouvés aux quatre coins de l’Amérique. Mais aussi, en écho, l’impossible recherche menée par la réalisatrice, pourtant habitée dans chacun de ses recoins par la chanteuse. Ou est-ce exactement l’inverse?

Il s’agit bien en tout cas d’échos, de voies parallèles qui se côtoient, se chevauchent parfois mais ne s’étouffent jamais. Et c’est là la grande force de A Bright Light: proposer une réflexion de soi sur l’autre et inversement, qui laisse place à chacun(e) pour exister. Dès lors, la collection d’objets divers amassés par la caméra - maisons et lieux typiques d’Amérique du Nord, feuilles et cailloux, masques de lion et talisman, poèmes et chansons - devient occasion de partage entre les différents protagonistes qui peuplent ce film. Il en est de même des références qu’on ne peut s’empêcher de convoquer en esprit: Barbara Loden et son film Wanda, Sylvia Plath et ses textes, Laetitia Masson et ses hommages cinématographiques, petit univers qui dit bien la mélancolie, la joie, la détresse et la grâce d’être (femme), tout simplement.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 18