Voix innocentes

Affiche Voix innocentes
Réalisé par Luis Mandoki
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 515

Critique

"On estime à plus de 300'000 le nombre d'enfants-soldats dans plus de 40 pays. Pensez notamment au Libéria qui vient de sortir d'une guerre très sale de 14 ans et à la Sierra Leone, où l'enrôlement de force est monnaie courante, et où des gosses d'une dizaine d'années sont armés, drogués pour tuer sans états d'âme, et où des gamines servent de repos du soldat.

Soutenu par le producteur d'AMOURS CHIENNES, se passant au Salvador dans les années 80, le film de Luis Mandoki, fondé sur un récit authentique d'Oscar Torre, qui a lui-même été enfant-soldat, raconte la poignante histoire de Chava (Carlos Padilla, véritablement extraordinaire dans son premier long métrage après avoir fait dans la publicité télévisée dès l'âge de 5 ans), garçon de 11 ans qui devient du jour au lendemain ""l'homme de la maison"", son père ayant fui la guerre civile pour chercher du travail sous des cieux plus cléments.

Les forces armées salvadoriennes recrutent des garçons de 12 ans, les arrachant de leurs écoles. Dans un an, Chava risque de connaître le même sort. Sa vie commence à être un jeu de survie, entre les descentes des troupes régulières et la violence quotidienne ambiante (on a l'impression de voir son visage mûrir au fur et à mesure que le temps passe). Il court après les petits boulots pour apporter un appoint bienvenu au modeste produit de la vente des vêtements cousus par sa mère. Des amours enfantines naissent avec la mignonne fille de l'institutrice. Le misérable petit village devient à la fois terrain de jeux et champ de bataille, coincé entre l'armée puissamment équipée et les guérilleros du Front national de libération Farabundo Marti.

On ne peut qu'admirer le courage, la persévérance, l'endurance de Chava qui, non content de protéger de sa mère et de ses frères et sœur, s'efforce de soustraire ses camarades d'école au recrutement (une scène reste dans la mémoire, une vue à vol d'oiseau du village et de ses toits sur lesquels, aplatis, les garçons se cachent des militaires qui patrouillent). Mandoki porte un regard plein d'empathie sur ses personnages et propose une figure ecclésiastique engagée, résolument aux côtés des plus petits de ses frères. Un film dont on ne sort pas indemne."

Daniel Grivel