Réalisé par | Rohena Gera |
Titre original | Sir |
Pays de production | Inde, France |
Année | 2018 |
Durée | |
Musique | Pierre Aviat |
Genre | Romance, Drame |
Distributeur | Xenix |
Acteurs | Vivek Gomber, Geetanjali Kulkarni, Tillotama Shome, Rahul Vohra, Divya Seth Shah, Chandrachoor Rai |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 804 |
Ce joli conte de fée est le premier long métrage de Rohena Gera, réalisatrice indienne. Il a tout pour plaire, un peu trop sans doute, mais n’en porte pas moins la critique d’injustices dont le sous-continent peine à se sortir.
A la suite d’imprévus, Ratna (Tillotama Shome) se retrouve domestique chez Ashwin (Vivek Gomber), fils d’une riche famille de Bombay. Elle qui a appris la dignité dans son village natal, nourrit le désir de se forger un avenir malgré la pauvreté. Observer jour après jour la tristesse de son patron la fait réfléchir. Puisqu’il ne manque de rien, pourquoi transpire-t-il le mal de vivre?
Ces personnages sont un peu trop parfaits, un peu trop lisses pour être vrais. Leur beauté, leurs qualités, leur intelligence contrastent durement avec la grossièreté des amis d’Ashwin pour qui l’on ne mélange pas les torchons avec les serviettes. Pourtant les deux personnages sont construits avec tant de délicatesse qu’on veut bien se laisser séduire.
Plutôt que parler de l’impossible relation entre les castes, Rohena Gera atteste de la distance qui s’impose entre les classes sociales; entre citadins et villageois aussi. Plusieurs petits métiers de services ne sont que les faire-valoir de la richesse, entre les deux, rien n’est possible et quand il s’agit de trouver un coupable, c’est toujours le serviteur qu’on désigne.
Les origines villageoises de Ratna servent à expliciter cet autre fossé que tentent de combler les personnes originaires de la campagne, attirées par la ville. Au village, la tradition maintient un fatalisme dont la femme est généralement victime. Dans les grandes cités indiennes, au contraire, on pratique le mode de vie occidental et ses libertés. On peut aussi y trouver un travail rentable et devenir quelqu’un; du moins est-ce ainsi qu’on voit les choses.
Rohena Gera mêle ces réalités pour démontrer que tout est réversible. Ainsi, la richesse d’Ashwin ne le rend-elle pas heureux; il s’ennuie passivement dans une existence qu’il n’a pas voulue. Ratna, elle, est consciente de sa pauvreté et veut s’offrir une vie meilleure. Elle a des projets qui l’y aideront et travaille patiemment à leur réalisation.
Selon la réalisatrice indienne, la volonté et le courage sont les qualités à défendre pour obtenir une vie décente et être heureux. La «victime» de son histoire est davantage une battante, une femme qui remet en question ce qui l’entoure. Entre son riche patron et elle, c’est elle qui fait envie, c’est elle qui donne un exemple empreint d’espoir.
Monsieur a été projeté à la Semaine de la critique du dernier Festival de Cannes.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 12 |
Nadia Roch | 14 |