Mia et le Lion Blanc

Affiche Mia et le Lion Blanc
Réalisé par Gilles de Maistre
Titre original Mia et le Lion Blanc
Pays de production France, Allemagne, Afrique du Sud
Année 2018
Durée
Musique Armand Amar
Genre Famille, Aventure
Distributeur Impuls
Acteurs Mélanie Laurent, Daniah De Villiers, Langley Kirkwood, Ryan McLennan, Lionel Newton, Lillian Dube
Age légal 6 ans
Age suggéré 8 ans
N° cinéfeuilles 804
Bande annonce (Allociné)

Critique

Mia et le lion blanc aurait pu être un film idéal pour les enfants. Composé de magnifiques paysages sur une savane dépeuplée et sauvage, le long métrage n’a pas su exploiter ces terres inconnues pour les transformer en espaces imaginaires, propices au conte.

A cet ingrédient visuel, s’ajoute une histoire adéquate pour atteindre son public cible: une préadolescente intelligente et révoltée contre ses parents - qui ont choisi de quitter Londres pour emménager en Afrique du Sud, où le père élève des lions -, va entretenir un lien amical unique avec un lion. Pour rendre cette histoire plus émouvante encore, le réalisateur choisit de saisir cette relation entre Mia et le félin sans trucage ni effets spéciaux. En faisant appel à Kevin Richardson surnommé «L’homme qui murmurait à l’oreille des lions», zoologiste qui lutte pour la protection des fauves et qui a supervisé le film, Gilles de Maistre souhaitait nouer une authentique relation entre les deux protagonistes. Pendant trois ans, l’actrice Daniah De Villiers et l’acteur Ryan McLennan, interprétant le frère de Mia, ont créé un lien quasi quotidien avec le lion blanc Thor (Charlie dans la fiction), pour pouvoir l’approcher de très près sans danger. Et le résultat est impressionnant.

Ce dernier élément aurait certainement séduit André Bazin, critique pour qui le montage devrait être interdit dans une séquence où la crédibilité, le réalisme du propos repose sur une proximité par exemple entre un animal dangereux et un enfant.

 Mais c’est aussi par sa volonté de réalisme que pèche Mia et le lion blanc. Ce principe semble être retenu de manière quelque peu arbitraire (Mia mangeant de la viande crue pour survivre) pour certaines scènes, tandis qu’il est complètement omis à d’autres occasions, notamment dans la représentation de l’Afrique du Sud, qui évince entièrement la misère socio-économique au profit d’une vision caricaturale, par exemple lorsque Mia fait du stop et que des «mammas africaines» à l’arrière d’un pick-up, chantant gaiement, l’invitent à se joindre à elles.

Le scénario lui-même obéit à une logique en dehors de toute crédibilité, faisant fi du réalisme au profit de l’avancée narrative. Le père de Mia rencontre à un moment donné des problèmes d’argent, sans que ce bouleversement n’ait aucune retombée sur le mode de vie de la famille. Que dire encore de la confrontation violente entre l’héroïne et son père, cette dernière étant prête à l’affronter pour sauver Charlie?

En plus d’un scénario bancal, les personnages et les rapports qu’ils entretiennent sont mal dessinés. Dans une vision manichéenne, le méchant, Dirk (Brandon Auret), est à la fois lubrique, obsédé par l’argent, sans morale ni pitié aucune, ce qui ne soutient aucun propos mais inscrit artificiellement un opposant à Mia. Enfin, les acteurs n’ont aucune consistance, apparaissent comme des coquilles vides. Même Mélanie Laurent, pourtant excellente dans d’autres rôles, en vient à des formes élémentaires de jeu, mettant les deux mains devant la bouche en écarquillant les yeux pour mimer la peur.

Si les intentions de Gilles de Maistre sont louables, comme celle de dénoncer la chasse en enclos, au point d’inviter le spectateur à faire des dons juste avant le générique, il ne parvient pas à leur donner une forme fictionnelle qui leur corresponde.


Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 8