Réalisé par | Alice Rohrwacher |
Titre original | Lazzaro Felice |
Pays de production | Italie, France, Suisse, Allemagne |
Année | 2018 |
Durée | |
Musique | Piero Crucitti |
Genre | Drame |
Distributeur | Ad Vitam |
Acteurs | Sergi López, Tommaso Ragno, Alba Rohrwacher, Agnese Graziani, Adriano Tardiolo, Luca Chikovani |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 801 |
L’idée de départ était pourtant alléchante. De nos jours, dans un coin reculé de l’Italie se trouve un petit hameau appelé Inviolata, dans lequel aucun voyageur, aucun étranger, ne s’arrête jamais
Il est peuplé par une cinquantaine de paysans de tous âges vivant dans des habitations de fortune, tous asservis, esclaves d’une marquise faisant régner une loi féodale sur ses terres. L’un d’eux, le jeune Lazzaro, un garçon simple, naïf et bon, va faire une rencontre inattendue qui lui donnera l’occasion d’explorer le monde... et le temps.
Peut-être est-ce sur ce seul synopsis que le film a obtenu le Prix du scénario au dernier Festival de Cannes. Car très vite, Heureux comme Lazzaro s’enlise dans une abstraction obscure et interminable. Le fait qu’après ce début le film vire à la fable allégorique n’est évidemment nullement un problème. Mais la réalisatrice impose à ses comédiens principaux un jeu distancié, cérébral et trop peu naturel pour que les spectateurs se sentent partie prenante. Les passages accompagnés d’une voix off poétique et abstraite n’aident pas non plus. Alice Rohrwacher avait déjà donné dans ce style avec Les Merveilles, un film néanmoins plus linéaire et compréhensible. On devine ses influences, conscientes ou non: celle de Vittorio De Sica dans la mise en scène et l’ambiance, celle de Pasolini dans l’apparence et l’attitude du héros, interprété avec une (trop) grande retenue par le jeune Adriano Tardiolo.
Le public aura la surprise de voir Sergi López et Nicoletta Braschi, la femme et muse de Roberto Benigni, qui se fait plus rare depuis quelques années, comme son mari d’ailleurs. Malgré des instants touchants et une esthétique intéressante, ce film confus et bien trop long s’avère au final n’être guère plus qu’une fable désincarnée.
Philippe Thonney
Lazzaro, jeune paysan d’une bonté inédite, vit à l’Invioleta, un hameau resté à l’écart du monde, tant sur le plan social que technologique. Inculture et exploitation humaine règnent en maître sur cette propriété. Un jour, une amitié improbable se tisse entre Lazzaro et Tencredi, le fils de la marquise, maîtresse des lieux, une relation qui va faire basculer le temps et transformer ce film réaliste en conte. A la dénonciation des conditions esclavagistes s’ajoutent – par évocation plus que par démonstration – celle des migrants. Et comme si tout cela ne suffisait pas, s’ajoutent les thèmes des banques, du religieux, etc. Si le chemin dessiné entre tout cela manque de clarté, d’autant plus qu’un saut temporel s’insinue dans la trame, seul le parcours du personnage de Lazzaro sert de fil rouge. Cet « idiot » (au sens dostoïevskien du terme), sorte de figure christique – mort, revenu à la vie et ne vieillissant pas – révèle le tréfonds des êtres, écartant du même coup les clichés simplificateurs entre pauvres et riches, honnêtes et malhonnêtes gens, religieux et laïcs. Au point que dans une scène saisissante, Lazzaro entre dans une église, attiré par de la musique d’orgue, mais, invité à quitter le lieu, il se voit suivre par la musique divine qui déserte alors l’église. Conte, poème, parabole… interpellent certes, mais en mêlant bien trop de questions, au risque de perdre le spectateur dérouté
Prix du scénario ex aequo.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Philippe Thonney | 6 |
Serge Molla | 11 |
Georges Blanc | 10 |