Kursk

Affiche Kursk
Réalisé par Thomas Vinterberg
Titre original Kursk
Pays de production Belgique, Luxembourg
Année 2018
Durée
Musique Alexandre Desplat
Genre Historique, Drame
Distributeur Praesens Film
Acteurs Max von Sydow, Colin Firth, Léa Seydoux, Matthias Schoenaerts, August Diehl, Peter Simonischek
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 800
Bande annonce (Allociné)

Critique

Au vu de la capacité de Thomas Vinterberg de rendre insoutenable - à force d’étouffement - des scènes aussi quotidiennes qu’un repas de famille (Festen) ou la vie d’un enseignant (La Chasse), il était presque inévitable que cela ne s’incarne et devienne décor.

Nous arrive donc Kursk et avec lui, l’histoire de ce sous-marin russe, qui coula en mer de Barents en 2000 à la suite d’une série d’explosions internes, coutant la vie aux 118 hommes de l’équipage. Cette tragédie, amplifiée par les médias et les contre-théories - les relents de la Guerre froide s’oublient difficilement -, Thomas Vinterberg la ramène à un niveau humain. En effet, il choisit de dire non seulement l’accident, l’attente insoutenable des quelques survivants mais aussi celle des familles restées sur la côte, dont les faibles espoirs se heurtent aux murs d’une bureaucratie trop bien réglée. Ainsi, alors qu’une vingtaine d’hommes menés par le capitaine Mikhail Averin (Matthias Schoenaerts) se réfugient dans le dernier compartiment intact du Kursk, nous sommes régulièrement renvoyés à la surface, pour suivre les opérations laborieuses de sauvetage et l’angoisse impuissante des proches, femmes et enfants surtout.

Cette alternance n’offre cependant pas de répit. Si les plans sombres du sous-marin, envahis par l’eau et les respirations toujours plus difficiles, créent immédiatement une atmosphère oppressante, ils étendent peu à peu leurs effets au reste du récit. Bien plus, ils trouvent un écho dans la lenteur de cette machine militaire, qui par peur de dévoiler ses secrets, se coupe de toute possibilité d’intervention réussie. Même sensation, d’ailleurs, auprès de ceux qui offrent leur aide (Colin Firth, officier britannique, en tête) enfermés dans leur salle de contrôle complétement isolées du bruit et de l’action.

Un tel sentiment constant d’impuissance a néanmoins toute sa place ici, malgré une filiation discrète à un type de films pourtant habitué aux grandes tensions (il suffit de penser à Das Boot ou L’Aventure du Poséidon). Vinterberg ne cherche pas à construire un suspense mais à représenter la fatalité. De fait, l’accident se produit quasi immédiatement, tout comme la mise en place de la survie. Aucun mystère ne plane lorsque les premières nouvelles de signes de vie à bord parviennent aux familles éplorées; nous savons déjà qui est mort et leur joie soudaine nous semble elle aussi condamnée. Le réalisateur renoue avec ces récits où hommes et mort chevauchent côte à côte, conscients de cette cohabitation fatale mais menant jusqu’au bout leur devoir d’être humain.

Dès lors, à quel point nous apparaissent comme poignantes ces premières scènes, dédiées au mariage de l’un des marins, ces instants de repas et de partage, chers au réalisateur et cette esquisse de vies, de maris, d’épouses, de fils, de parents, déjà marqués par la disparition inévitable.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 16