Le Grand Bal

Tout commence avec une voix off - qui reviendra périodiquement - relatant un souvenir de bal musette et d’un monde qui faisait briller les yeux d’une aïeule.

Il fallait donc en avoir le cœur net et partir à la découverte de Gennetines dans l’Allier où, depuis vingt-sept ans, plus de deux mille personnes prennent congé pour danser sept jours et huit nuits. C'est ce qu'a fait Laetitia Carton.

Entre camping, lieux de petite restauration et tentes avec parquets/pistes, tout est dévolu aux danses. Durant la journée, on apprend, répète, fluidifie les gestes et les postures; le soir, de 21 h jusque tard dans la nuit, on entre dans les mouvements collectifs après avoir choisi quelle danse on souhaitait interpréter; ensuite les «bœufs» (jam-sessions) prennent le relai pour celles et ceux qui ne s’effondrent pas de fatigue. Ainsi valses, bourrées, mazurkas… entraînent hommes et femmes de toutes générations et de toutes conditions, accompagnés ou plutôt portés par la musique de groupes venant de toute l’Europe. Certains danseurs sont des habitués, tant disent-ils, «Il faut quatre cinq ans pour se mouvoir avec grâce et avoir assimilé les différents pas proposés».

Danses et jeux de séductions vont aussi de pair, ce qui nécessite quelque vigilance pour que chacun(e) ne vive que ce qu’il ou elle désire. Passion et volonté de vivre une semaine hors temps convoquent à ce rendez-vous annuel, bien plus que quelque nostalgie. Les images des couples ou des groupes évoluant à toute heure sur les pistes, tout comme les quelques séquences d’archives, attestent que les danses sèment le bonheur aujourd’hui comme hier et diffusent une énergie pas près de se tarir.