Nos batailles

Affiche Nos batailles
Réalisé par Guillaume Senez
Titre original Nos batailles
Pays de production France, Belgique
Année 2018
Durée
Genre Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch, Lucie Debay, Basile Grunberger, Lena Girard Voss
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 799
Bande annonce (Allociné)

Critique

Cinéaste franco-belge Guillaume Senez est l’auteur de nombreux documentaires et courts métrages primés dans plusieurs festivals. En 2016 il réalise son premier film de fiction, Keeper, qui reçoit plus d’une vingtaine de prix. Le second, Nos batailles, a été projeté à la Semaine de la critique lors du dernier Festival de Cannes et a reçu le Prix du récent Festival du film français d’Helvétie (Bienne).

Olivier (Romain Duris) est engagé dans une gigantesque entreprise de marchandises vendues online (style «Amazon»), en tant que contremaître. Très attentif aux conditions de travail de ses collègues il consacre tout son temps à son métier. Syndicaliste et père de deux enfants, il ne se rend pas compte du malaise qui s’est peu à peu installé au sein de sa famille. Sa femme Laura (Lucie Debay) souffre des absences de son mari et décide, un beau jour, de s’en aller. Obligé de réorganiser sa vie Olivier tentera d’y faire face, avec l’aide, entre autres, de sa mère et de sa sœur.
Nos batailles plonge le personnage d’Olivier en plein cœur d’un monde du travail qui exige beaucoup d’énergie et qui l’empêche de prendre le recul nécessaire. En lutte contre une forme de capitalisme, ses convictions profondes sont mises à mal. Laura, de son côté, finit par lâcher prise, la souffrance étant trop forte, et on la comprend.

La direction des acteurs est remarquable. Le réalisateur use d’une méthode de travail originale, déjà appliquée dans Keeper: comédiens et comédiennes n’ont pas de véritable scénario ni de dialogues écrits sous les yeux et doivent donc s’appuyer sur les indications de situations données en cours de route par le réalisateur. Ces séquences improvisées sont très bien gérées, et l’intensité des propos, la justesse du ton et la netteté des regards sont surprenantes. Des modalités de tournage qui obligent chaque interprète à aller chercher au fond de lui-même les mots et les expressions idoines.

Romain Duris porte le film sur ses épaules et campe un père de famille un peu perdu, mais assez fort tout de même, tandis que Lucie Debay assume le rôle difficile et complexe de la mère qui s’en va. On citera encore Laetitia Dosch (Betty, sa sœur), Laure Calamy (une collègue de travail d’Olivier qui se remet en question) et Dominique Valadié dans le rôle de la mère d’Olivier. Sans oublier les deux enfants, par les yeux desquels on découvre aussi cette famille et ses problèmes.

Chacun tient bien sa place dans ce film sensible, qui ne se veut pas didactique, qui ne propose pas de solution(s), et qui, par petites touches, tient à la fois du tableau social, de la tranche de vie et du portrait d’un homme déstabilisé à la recherche d’un nouvel équilibre vital. Au vu des dernières séquences pourtant, toutes les batailles ne sont pas terminées...

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Georges Blanc 14