Mademoiselle de Joncquières

Affiche Mademoiselle de Joncquières
Réalisé par Emmanuel Mouret
Titre original Mademoiselle de Joncquières
Pays de production France
Année 2017
Durée
Genre Drame, Romance
Distributeur CityClub
Acteurs Cécile de France, Natalia Dontcheva, Edouard Baer, Laure Calamy, Alice Isaaz, Jean-Michel Lahmi
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 798
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une longue énumération de noms de femmes est égrenée par une voix douce mais moqueuse, alors qu’un sous-bois désert s’étend sous nos yeux. Deux silhouettes finissent par apparaître, s’avançant vers nous.

Cette liste à la Don Juan est adressée comme un reproche par Madame de La Pommeraye au Marquis des Arcis, elle qui se refuse justement à en faire partie. Elle cèdera pourtant aux avances du libertin, convaincue, comme lui d’ailleurs, des sentiments qu’il lui voue. Mais ces derniers ne durent que le temps qu’il aura fallu à la patience pour conquérir un cœur et le marquis finit par se lasser. Il ne reste alors plus à l’amoureuse abandonnée que de trouver une punition à la hauteur de sa déception.

Dès l’ouverture de son film, Emmanuel Mouret pose le décor - et la présence de Diderot au générique l’annonçait: c’est le théâtre des sentiments qui va se déployer sous nos yeux. Entrées et sorties de scène, construction minutieuse du lieu de l’action, jeu savamment répété sont du ressort du réalisateur, bien sûr, mais tout autant de ses personnages. Dans une esthétique aussi implacable que la volonté de Madame de La Pommeraye, les dissimulations se superposent au rythme d’un clavecin infatigable. Parfois Mouret nous permet d’assister au spectacle sans commentaire, parfois il nous révèle ses coulisses et capte alors ces brefs instants de préparation où l’expression vacille, où le souffle manque.

On pense bien sûr aux Liaisons dangereuses mais s’arrêter là serait faire preuve de peu d’inventivité. Car là où Choderlos de Laclos ne faisait triompher la vertu que bien pauvrement, en punissant tant les purs que les manipulateurs, Emmanuel Mouret croit à la sincérité. Et à travers la jeune Mademoiselle de Joncquières, choisie comme appât et cause de ruine pour le marquis, il nous donne aussi envie de croire en ce qu’elle peut. Cela sonne-t-il dépassé ou niais? Il n’y aurait alors guère de quoi se réjouir que ce soit notre seule manière de réagir à toutes valeurs autres que calculatrices.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 16
15