Exorcisme d'Emily Rose (L')

Affiche Exorcisme d'Emily Rose (L')
Réalisé par Scott Derrickson
Pays de production U.S.A.
Année 2005
Durée
Musique Christopher Young
Genre Thriller
Distributeur Gaumont Columbia Tristar Films
Acteurs Tom Wilkinson, Campbell Scott Michael, Laura Linney, Jennifer Carpenter, Joshua Close
N° cinéfeuilles 515
Bande annonce (Allociné)

Critique

"On se souvient de L'EXORCISTE de Friedkin, quand bien même le dictionnaire de la collection Bouquins ne le recense pas... et de la performance de Linda Blair. L'EXORCISME D'EMILY ROSE propose une approche moins outrancière d'un cas de possession, avec dans le rôle de la possédée Jennifer Carpenter, remarquable actrice formée à la Julliard School.

Fondé sur une histoire vraie, le film l'aborde à travers le regard impartial voire sceptique d'une avocate, Erin Bruner (Laura Linney), chargée de défendre le Père Moore (Tom Wilkinson), accusé d'homicide involontaire.

Emily Rose est une fille de la campagne, aussi dévote que ses parents. Après une scolarité réussie, elle s'inscrit à l'Université en vue de se former comme enseignante. Le passage à une vie citadine la déboussole; un soir qu'elle est seule dans la chambre qu'elle partage avec une camarade, elle est assaillie par des visions terrifiantes et terrassée par des convulsions. Les attaques se multiplient et la poussent à consulter un médecin, qui lui prescrit un médicament contre l'épilepsie. Mais son état empirant, Emily se résout à rejoindre sa famille et à demander l'aide du curé de la paroisse - une belle figure humaine - qui, en présence d'un médecin, pratique le rite de l'exorcisme. Sans succès, et accompagné de phénomènes effrayants. Quelques jours plus tard, Emily meurt, défigurée et meurtrie.

Inculpation du prêtre, ce qui donne lieu, comme dans nombre de films états-uniens, à des scènes de tribunal, avec un procureur méthodiste pratiquant et plus que sceptique à l'encontre de la notion catholique de possession, et une avocate rationaliste qui, peu à peu, admet que certaines choses sont possibles: elle-même subit des attaques paranormales. Ce qui fait la force du film, c'est qu'il ne se complaît pas dans les effets spéciaux ni dans l'épouvante, et qu'il laisse le spectateur dans le doute quant à ce que voient - ou croient voir - les personnages.

A noter que l'Académie pontificale ""Regina Apostolorum"", préoccupée par les meurtres rituels en Italie et les angoisses des adolescents, a mis sur pied en février dernier un cours destiné à aider les prêtres à comprendre ce qui pousse certains à se tourner vers l'occulte (petite nuance: les initiants sont les Légionnaires du Christ, que d'aucuns considèrent comme à droite de l'Opus Dei...); le rite catholique-romain d'exorcisme a été réactualisé sur l'impulsion de Jean Paul II.

Pour l'anecdote, le soussigné, alors jeune pasteur dans la Broye fribourgeoise, avait entendu le récit d'un paroissien, bon protestant bernois paysan dans un village proche d'Estavayer-le-Lac, persuadé qu'une vieille femme possédait ""le grimoire"" et avait envoûté ses bêtes: au moment de la traite, elles étaient agitées et venaient à bout de leurs entraves; il avait fini par faire recours à l'exorciste de l'évêché (car le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en a un)."

Daniel Grivel