Vox humana

Prix du Public aux Journées de Soleure

La voix : pas si simple pour chacun de découvrir la sienne, son unique, cela prend parfois du temps.
Il ne suffit en effet pas de produire un son, de parler, voire même de chanter, pour s’être trouvé(e) sur ce plan-là. Bernard Weber invite à partir en quête du mystère de la voix humaine en présentant quatre personnes d’horizons fort divers pour qui la voix joue un rôle déterminant dans leur parcours de vie.
 A 4 ans déjà, Andreas Schaerer joue avec sa voix et produit des sons chromatiques en tentant de produire un son correspondant au carrelage en dégradés de sa salle de bain. Aujourd’hui, il poursuit, l’aventure sonore, expérimente, à la manière du jazzman Bobby McFerrin, modulations, sons, imitations d’instruments, scat, etc., et multiplie les rencontres avec des musiciens de tout autre culture que la sienne. Regula Mühlemann, jeune soprano de grand talent à la voix de cristal, ne se satisfait pas des éloges, elle veut aller plus loin, là où l’entier de l’être sent qu’il «sonne juste». Mais que se passe-t-il vraiment au niveau de la bouche et de la gorge? Pour répondre scientifiquement à cette question, Matthias Echternach use de l’imagerie par résonance magnétique, tente de comprendre les mouvements du larynx et de la langue, la maîtrise du souffle… Il faut dire qu’avec la chanteuse brésilienne Georgia Brown, il dispose d’un cobaye extraordinaire au plein sens du terme vu l’étendue hors norme de sa voix. Quant à Miriam Helle, thérapeute, elle initie enfants et adultes de tous âges à se (re)découvrir à travers leur voix; elle propose même à une femme enceinte et son mari d'en user lors de l’accouchement, ce qui compte vu que le bébé est capable de reconnaître le son de celle de sa mère dès sa naissance.
Autant dire que la voix, plus encore que la musique créée ou interprétée, conduit vers soi, obligeant à s’écouter pour susciter en l’autre ou lui offrir une émotion. Elle met à nu, révèle bien sûr toute une gamme de sons, mais rend sensible à tous les états intérieurs qu’un être désire partager ou qui au contraire le traversent à son insu. La voix peut certes contribuer à l’équilibre personnel, mais elle a également la capacité à fédérer un groupe jusqu’à le fortifier. La travailler ouvre bien des portes que le discours laisse fermées, génèrent des joies qui dépassent l’entendement et guérissent parfois des blessures que les mots n’ont pas réussi à endiguer. Du premier au dernier jour, la voix accompagne la vie, ce que chante ce documentaire sensible.