Le vent tourne

Affiche Le vent tourne
Réalisé par Bettina Oberli
Titre original Le vent tourne
Pays de production Suisse, France, Belgique
Année 2018
Durée
Musique Arnaud Rebotini
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Mélanie Thierry, Nuno Lopes, Pierre Deladonchamps, Anastasia Shevtsova
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 798
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pauline (Mélanie Thierry) et Alex (Pierre Deladonchamps) résident dans le Jura suisse. Jeunes éleveurs, ils aspirent à une vie en dehors de tout consumérisme.

Aucun médicament administré à leur bétail, huile de vidange en lieu et place de l’essence pour faire tourner la voiture, refus d’accéder à l’électricité via une centrale. Pour parachever cette quête d’autonomie, le couple fait installer une éolienne dans son jardin mais la venue de Samuel (Nuno Lopes), l’ingénieur en charge de l’installation, va bouleverser ce fragile équilibre.

Cinquième long métrage de la cinéaste suisse Bettina Oberli, connue pour son succès Les Mamies ne font pas dans la dentelle (2006), Le Vent tourne s’apparente à un drame aussi bien sentimental que social. Oberli semble plus intéressée par le second. Une première rupture intervient rapidement lorsque Alex et Samuel s’écharpent sur leurs modes de vie, l’ingénieur expliquant que la notion de plaisir est primordiale sur le reste. Pauline, interloquée et refusant de prendre part à ce débat, voit son cœur se fissurer. Déjà là, il ne fait nul doute que Pauline se laissera tomber dans les bras de l’ingénieur. Deux gestes anodins finiront de nous persuader d’une idylle à venir.

     C’est que l’enjeu du film ne réside pas tant dans une possible tension sentimentale que dans la réaction de ce petit univers social à l’égard d’un tel bouleversement amoureux. Dès lors, la nature devient peu à peu un terrain anxiogène, le brouillard du Creux du Van paralysant Pauline, tandis que le bruit assourdissant de l’éolienne lui devient insupportable, jusqu’à ce qu’elle commette l’irréparable. À la fois victime et bourreau d’un monde qui lui échappe, Pauline souffre dignement. Face à elle, Alex reste terré dans un entêtement idéologique où sa quête fait office de valeur cardinale. Dans ce vacillement moral, le film vise l’émancipation de ses personnages plutôt qu’une quelconque réconciliation.

Entre un retour à l’état de nature et un appel au large, Oberli creuse une voie intermédiaire. Ainsi, Le Vent tourne saisit bien les contradictions de notre époque, un temps où tout désir écologique finit souvent par se heurter à la réalité capitaliste, laissée ici partiellement hors champ, rendant sa force plus sournoise encore

Appréciations

Nom Notes
12
Georges Blanc 11